Le 6 juin une pétition publiée par cinquante personnalités indépendantes du monde académique, des droits de l’homme, des arts et des médias apporte un appui soutenu au combat du chef de l’exécutif dans son engagement contre la corruption.
L’opération « Mains propres », contre dix figures emblématiques de la contrebande et de la corruption, initiée par le président du Gouvernement Youssef Chahed le 23 mai continue à alimenter l’actualité en Tunisie. Après la manifestation du 27 mai organisée par la société civile pour soutenir le chef de l’exécutif voilà qu’une pétition vient le conforter dans la décision qu’il a prise. En l’incitant à poursuivre la guerre déclenchée il y a un peu plus de vingt jours, les initiateurs de la pétition saluent le geste d’un homme, qui a « mis sa vie en jeu face à la puissance des réseaux mafieux et leur capacité à réagir. Ils ont des relais à l’intérieur comme à l’extérieur du pouvoir, au cœur de l’Etat comme à l’étranger », écrivent-ils. Leur objectif consiste aussi à mobiliser la société civile en faveur de ce geste afin de rompre l’isolement politique du soldat Chahed.
Une initiative « inattendue »
« La Révolution tunisienne est advenue sous le signe de la lutte contre la paupérisation et pour la dignité. Elle fut tout autant un soulèvement contre la corruption ; à telle enseigne qu’on a pu parler de révolution éthique ». C’est ainsi que les auteurs du texte introduisent leur propos. Ils reviennent par la suite sur ces six dernières années post 14 janvier 2011, où la lutte contre la corruption est devenue un slogan dans le discours des sept gouvernements successifs. Résultat : le peuple, trop longtemps trompé par les politiques, n’y croit plus ! « Pire : ministres, parlementaires et grands commis, leaders de partis, associatifs et syndicalistes, tous ceux qui ont un quelconque lien avec le monde politique sont suspectés d’avoir trempé peu ou prou dans les différentes affaires », ajoutent les initiateurs de la pétition.
L’initiative de Youssef Chahed est taxée d’ « inattendue » et de « bienvenue » à cause du profil et du parcours de Youssef Chahed, connu pour être proche du président de la République Beji Caid Essebsi. Celui-ci avait proposé en juillet 2015 un projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière, dont l’objectif est l’amnistie des hommes d’affaires et des hauts responsables de l’administration soupçonnés de corruption. Depuis le démarrage de l’opération « Mains propres », le débat parlementaire autour du si polémique projet présidentiel n’arrête pas d’être reporté par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Un homme seul
Face aux sceptiques et aux désabusés, les auteurs de la pétition répliquent : « On peut comprendre les scrupules de tous ceux qui cherchent à être mieux éclairés par crainte d’une désillusion supplémentaire, mais il nous semble impératif aujourd’hui d’être de toutes nos forces du côté du chef du gouvernement dans sa détermination à mener la bataille jusqu’au bout comme il l’a déclaré lui-même ».
Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), une des premières personnalités à avoir signé le texte en question s’inquiète : « Isolé y compris au sein de sa formation politique, Youssef Chahed n’a pas de parti derrière lui. Parce qu’il semble aujourd’hui totalement seul à la suite de son initiative, l’opération déclenchée il y a peu de temps risque de ne pas se transformer en un mouvement…pire encore de s’arrêter d’un seul coup ! ».
Elle ajoute : « Il faut parfois avoir le courage de conforter le système quand celui-ci fait un pas en avant pour progresser et nettoyer ses écuries ».