La Haute cour de justice de Roumanie a confirmé mercredi la condamnation à 20 ans de prison d'un ancien commandant de camp de travail communiste, deuxième condamnation définitive du genre depuis la chute du régime totalitaire.
Ioan Ficior, âgé de 89 ans, avait déjà été condamné pour "crimes contre l'humanité" en première instance en mars 2016. La cour a rejeté mercredi son appel, considéré "comme non-fondé", et ordonné son incarcération immédiate.
L'ancien tortionnaire doit également payer, solidairement avec l'administration pénitentiaire, le ministère des Finances et celui de l'Intérieur, 310.000 euros de dédommagements à d'anciens détenus ou à leurs familles.
Ioan Ficior a dirigé entre 1958 et 1963 le camp de Periprava (est, dans le delta du Danube), l'un des plus durs du pays, qui était réservé aux opposants politiques. Au moins 103 détenus y sont morts durant son commandement.
Il a toujours assuré avoir fait son devoir de militaire et "fait de (son) mieux pour fournir aux détenus de la nourriture et des médicaments".
Le président de l'Institut de recherche sur les crimes du communisme (IICCMER), Radu Preda, a salué dans la décision de mercredi "un acte de justice" et un "renforcement de la jurisprudence en matière de crimes contre l'humanité".
En février 2016, un ex-commandant de la prison de Ramnicu Sarat (est), Alexandru Visinescu, avait été définitivement condamné à 20 ans de prison, dans la première procédure du genre en Roumanie.
Au total, plus de 600.000 Roumains ont été condamnés et emprisonnés pour des motifs politiques sous le régime communiste, entre 1945 et 1989, selon le Musée mémorial des victimes du communisme de Sighet.
Les autorités ont longtemps rechigné à se pencher sur cette période de l'histoire du pays. Une première plainte déposée par l'IICCMER en 2006 contre 210 anciens gardiens ou commandants de prison avait été rejetée.
Les choses se sont accélérées depuis: une troisième procédure, visant l'ancien directeur de la prison de Galati (est), Marian Petrescu, âgé de 85 ans, s'est ouverte début mars.
Pour M. Preda, la justice rendue aux victimes est "un investissement dans l'avenir". "Un Etat de droit ne peut pas être consolidé s'il ne résout pas les problèmes de l'Etat de non-droit de la période communiste", a-t-il indiqué à l'AFP.