16.05.07 - RWANDA/BELGIQUE - NTUYAHAGA : TEMOIGNAGES SUR LA "MISSION AKAGERA"

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Bruxelles, 16 mai 2007 (FH) – Plusieurs militaires belges cités devant la cour d’assises de Bruxelles dans le procès de Bernard Ntuyahaga ont démenti mardi que la mission effectuée par les Nations Unies dans le parc de l’Akagera à l’est du Rwanda ait eu le moindre lien avec l’attentat contre l’avion présidentiel.

Cette rumeur, récurrente depuis la chute de l’avion, est dans ce procès alimentée par la défense de Ntuyahaga, accusé d’avoir fait assassiner le lendemain dix casques bleus dont cinq qui avaient pris part à cette
patrouille. Le seul survivant de cette mission et plusieurs autres compagnons d’armes des dix soldats assassinés sont venus démentir avoir transporté le moindre missile.

« Y a-t-il eu un transport de missiles ? », a demandé la présidente aux militaires présents. « Non », ont-ils répondu. « Un chef de peloton belge partirait d’initiative chercher deux missiles pour tirer sur l’avion, vous imaginez ? Et où les aurait-il mis ? Dans sa poche ? », a ironisé Dimitri Pauwels en réponse à Me de Temmerman, l’avocat de Ntuyahaga.

Cependant les témoignages ont laissé apparaître des contradictions. Le caporal Didier Lefèvre, seul survivant parmi ceux ayant participé à la mission a affirmé, revenant sur des déclarations antérieures, qu’il s’agissait d’une « mission mixte, avec des membres du FPR et des FAR » – cinq personnes en tout dans un véhicule accompagné de deux jeeps de la Minuar.

Norbert De Loecker, chargé de superviser les escortes, a déclaré ne pas avoir été au courant de cette mission et ne pas avoir reçu de rapport pour cette opération qu’il pense être « un changement de dernière minute ». Par ailleurs, il a estimé « improbable » l’existence de missions conjointes FAR/FPR.

Pour Didier Hutsebaut, c’était « une mission classique pour les gens du FPR ». Il n’a pas su préciser son objet, ni si des membres des « deux camps » étaient présents. « Le lieutenant Lotin disait qu’ils allaient “être au vert “. A leur retour, les participants en parlaient comme d’un safari photo », a-t-il expliqué, ce que confirme le caporal Dimitri Pauwels, informé de cette mission deux jours auparavant.

Le témoignage du rwandais Deus Kagiraneza, qui dit avoir participé à la mission en tant que représentant du FPR chargé des questions d’environnement, diffère de celui de Lefèvre. « Il s’agissait d’une mission conjointe, soutenue par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avec des membres de la partie rwandaise pour visiter de fond en comble la faune et la flore ». Contrairement à Lefèvre, il évoque quatre véhicules et non trois, sans en être sûr. L’itinéraire n’est pas non plus le même et le caporal Lefèvre ne le reconnaît pas.

Les escortes de membres du Front patriotique rwandais, notamment vers Mulindi, faisaient partie des escortes de routine attribuées au peloton. L’Akagera n’était cependant pas une des destinations habituelles.

Pour Me Laurent Kennes, l’avocat des familles des paras, la version des faits suggérée par la défense est «une hypothèse gratuite et non fondée qui porte atteinte à la mémoire des dix casques bleus ».

BF/PB/GF
© Agence Hirondelle