Condamné à 19 ans de prison, Byuma, également auteur dramatique de renom dans son pays, comparaît, en révision, devant un tribunal gacaca de la Province de l'Est qui se déplace à Kigali pour les audiences.
« Je connais et je connaissais bien Byuma, comme un voisin. Je sais que c'est un homme intègre. S'il avait commis un crime pendant le génocide, je l'aurais su ! (Le témoin) Haruna l'a accusé à cause d'un différend survenu après le génocide », a clamé Marie Mutumwinka, premier de la dizaine de témoins à décharge entendus samedi. Byuma et Haruna s'étaient disputés une parcelle après 1994, a-t-elle expliqué.
Ce litige a été confirmé par un autre témoin, Rose Nyirasangwa, qui a également défendu l'honneur de son ancien voisin. « Byuma n'était pas seulement un homme intègre. Pour avoir beaucoup fréquenté sa maison, je sais qu'il ne pouvait même pas égorger une poule », a-t-elle déclaré, sous la foi du serment.
Selon l'acte d'accusation, cet activiste des droits de l'homme est poursuivi pour « tentative d'assassinat de Louise Batamuliza, complicité d'assassinat de Raymond Kabayiza, érection de barrages routiers, détention illégale d'une arme à feu et association de malfaiteurs ».
Pour ce qui est des éléments à charge, les juges ont lu une déclaration écrite d'Aline, fille de Kabayiza. Selon ce texte, Byuma aurait aidé à ligoter Kabayiza avant sa mise à mort. Unique témoin à charge entendue samedi, Mme Batamuliza a affirmé que Byuma lui avait dit, en désignant le corps de Kabayiza qui gisait dans une rigole : « Je vais te donner en mariage à Raymond Kabayiza ». Ce que Byuma a vigoureusement nié. « Les nommés Habib, Amiru et Madede ont reconnu avoir tué Kabayiza, et ont été condamnés pour ça...Leur audition est utile pour ma défense », a demandé Byuma.
Après délibération, la chambre a fait droit à la requête.
« Le procès reprendra le 7 mars », avec l'audition, entre autres, de ces nouveaux témoins, a indiqué le juge président Georges Karangwa.
Byuma est incarcéré à la prison centrale de Kigali (PCK) depuis mai 2007.
Son premier procès avait suscité des réactions d'indignation tant au niveau de la population locale que des organisations de défense des droits de l'homme
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