Désigné par le nom de code GAA, le témoin a prié les juges d'ignorer ses précédentes déclarations.
Me Nshogoza est accusé d'avoir, en 2004 et 2005, corrompu des témoins dont GAA, pour obtenir d'eux des déclarations favorables à l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur Jean de Dieu Kamuhanda, condamné définitivement à la prison à vie.
Lors du procès en appel de Kamuhanda en 2005, le témoin GAA ainsi désigné pour préserver son anonymat, était revenu sur les allégations qu'il avait portées contre l'ex-ministre en première instance.
Intriguée, la chambre avait ordonné au bureau du procureur de mener une enquête.
Le procureur en chef, Hassan Bubacar Jallow, avait alors choisi de confier ce travail à l'Américaine Loretta Lynch, indépendante du tribunal.
Le rapport Lynch a conduit jusqu'à présent à deux mises en accusation, celle de GAA -jugé et condamné à 9 mois de prison pour faux témoignage- et celle de l'avocat rwandais qui comparaît depuis la semaine dernière.
GAA, qui a terminé sa peine, était jeudi le dernier témoin à charge dans le procès de Me Nshogoza.
En le contre interrogeant, Me Allison Turner, l'avocate de Nshogoza, lui a opposé plusieurs extraits de son entretien avec la juriste américaine le 29 septembre 2005.
Dans l'un de ces extraits, GAA affirme qu'il n'était pas à Gikomero, une localité de l'ancienne préfecture de Kigali rural, le 12 avril 1994, date à laquelle Kamuhanda a été vu, selon son jugement, en train d'inciter les Hutus à tuer les Tutsis.
Confronté à cette déclaration, GAA qui fut l'un des témoins clés de l'accusation dans l'affaire Kamuhanda, a prié les juges d'ignorer tout simplement la réponse donnée à Mme Lynch pour ne considérer que sa déposition devant eux.
« J'étais là », a-t-il insisté.
GAA a enfin affirmé que Nshogoza avait bel et bien tenté de le suborner. « Je ne l'accuse pas faussement ; il m'avait promis de l'argent, même s'il n'avait pas spécifié le montant », a-t-il accusé. Il est allégué que le montant promis était de l'ordre de 2 millions de francs rwandais, soit environ 3.800 dollars américains, ce que l'avocat rwandais dément.
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