« J'implore le pardon pour tout le mal que j'ai fait », a déclaré l'ex-patron de la filière thé au Rwanda, qui s'adressait aux juges à la veille du prononcé de la sentence.
L'ex-responsable économique a plaidé coupable de complicité de génocide le 17 septembre. Dans son plaidoyer de culpabilité, Bagaragaza reconnaît, entre autres crimes, avoir entreposé en avril 1994 à l'usine à thé de Rubaya, dans la préfecture de Gisenyi (nord), des armes du génocide. Il avoue par ailleurs avoir donné de la bière et de l'argent aux miliciens Interahamwe, principaux bras armés du génocide, et mis à leur disposition les véhicules de l'usine, par crainte pour sa sécurité et celle de sa famille.
« J'ai fait de mauvais choix et pris des options faciles dans des moments difficiles. Cette période m'a laissé des remords et des cicatrices dont j'ai du mal à me remettre », a-t-il confessé mercredi s'adressant pour la dernière fois à ses juges.
Revenant sur les conséquences du génocide, il a déclaré : « La blessure fut tellement profonde qu'il faut tout mettre en œuvre pour essayer d'initier la réconciliation des Rwandais ».
« J'ai informé les enquêteurs du tribunal que je m'engageais à leur dire la vérité sur ce qu'ils voulaient savoir, y compris sur mon rôle. Je l'ai fait », a-t-il affirmé, soulignant ne pas regretter «ce choix qui consiste à collaborer avec la justice ». Bagaragaza a témoigné contre d'autres accusés du TPIR, dont Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana.
Me Gerardus Alexander Knoops, l'avocat principal de l'ex- responsable économique, a affirmé que la famille de son client était menacée par des membres de la diaspora hutue rwandaise, suite à cette collaboration avec le procureur du TPIR.
Le défenseur néerlandais a par ailleurs invoqué le mauvais état de santé de l'accusé et sa réputation de modéré pour demander, en fin de compte, une peine qui puisse lui le réhabiliter.
Tout en prenant acte des remords et de la collaboration de Bagaragaza, le représentant de l'accusation, le Tanzanien Wallace Kapaya, a appelé la chambre à tenir compte de la gravité du crime de complicité de génocide.
A l'exception de l'ex-Premier ministre Jean Kambanda condamné à la perpétuité, toutes les personnes ayant reconnu leur responsabilité dans le génocide de 1994, ont bénéficié de substantielles réductions de peines.
ER/GF
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