Kanyarukiga répond de quatre chefs: génocide, ou alternativement, complicité dans le génocide, entente en vue de commettre le génocide et extermination en tant que crime contre l’humanité.
Tous les crimes allégués ont été commis dans Kibuye, particulièrement à la paroisse de Nyange.
Le procureur affirme que l’accusé a conspiré notamment avec le curé de la paroisse de Nyange, l’abbé Athanase Seromba, ainsi qu’avec le maire de Kivumu, Grégoire Ndahimana, pour exterminer les Tutsis qui s’étaient réfugiés dans l’église de Nyange.
L’abbé Seromba est également détenu par le TPIR. Il s’est rendu en 2002 à Rome, après que des pressions aient été exercées sur le Vatican.
L’acte d’accusation indique que, immédiatement après l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, l’accusé et d’autres notables de Kivumu ont élaboré un plan d’extermination des Tutsis dans la commune.
Les conspirateurs auraient élaboré un plan consistant à forcer les Tutsis à quitter leurs domiciles et à les assembler dans un même lieu, pour leur «sécurité.» L’accusé est parmi ceux qui ont transporté les victimes, selon le parquet.
Un des aspects de ce plan consistait à empêcher les réfugiés de sortir de l’enceinte de l’église, poursuit l’accusation. L’accusé et d’autres auraient emmené des miliciens Interahamwe sur les lieux et ils ont encerclé les réfugiés. Les réfugiés ont été mis dans des conditions telles qu’ils s’affaiblissaient tous le jours, tandis que des attaques étaient menées régulièrement contre eux pour briser leur endurance
L’église de Nyange avait quelque 1.500 places assises mais elle contenait à ce moment-là plus de 2.000 personnes.
Une attaque de grande envergure a été lancée vers le 15 avril 1994 contre cette église après que les autorités communales aient obtenu le renfort de gendarmes venus de la ville de Kibuye.
L’église a été brûlée avec de l’essence au moment où les gendarmes et les miliciens lançaient des grenades sur ses occupants. Le bâtiment a été ensuite détruit à l’aide d’un bulldozer, les réfugiés écrasés. Les planificateurs auraient partagé la bière après ce massacre.
L’acte d’accusation ajoute que lorsqu’un des conducteurs du bulldozer a refuse de détruire l’église, il a été abattu. Le document allègue que l’abbé Seromba aurait déclaré que les Hutus étaient nombreux et qu’en conséquence ils vont construire une autre église. La date de la comparution initiale de Kanyarukiga n’a pas encore été annoncée.
AT/KN/FH (KG’’0720A)