Les relations entre la Serbie et la Bosnie toujours fragiles 20 ans après le conflit

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Les relations entre la Serbie et la Bosnie sont restées très délicates tout au long des vingt ans qui ont suivi la guerre de Bosnie (1992-95), comme l'a démontré l'incident dont a été la cible samedi le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic à Srebrenica.

La guerre intercommunautaire de Bosnie a fait 100.000 morts et environ deux millions de réfugiés, soit près de la moitié de la population à l'époque.

Rappel des dates-clés:

- 1er mars 1992: La Bosnie, environ 3,8 millions d'habitants -- Musulmans 40%, Serbes (orthodoxes) 31% et Croates (catholiques), environ 10% -- vote pour son indépendance de la Yougoslavie par référendum. Les Serbes de Bosnie, qui sont soutenus par Belgrade, y sont opposés et un conflit intercommunautaire éclate en avril.

- 11 juillet 1995: Alors que la région était déclarée "zone protégée" par l'ONU, quelque 8.000 hommes et garçons musulmans ont été tués à Srebrenica par les forces serbes bosniennes, la pire tuerie en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale que la justice internationale a qualifié de génocide.

- 14 décembre 1995: Les accords de Dayton qui mettent fin à la guerre en Bosnie sont signés. Tous les principaux participants à ces négociations sont décédés depuis: le président de la Serbie Slobodan Milosevic, de la Croatie Franjo Tudjman et de la Bosnie Alija Izetbegovic ainsi que le négociateur américain, principal architecte de ces accords, Richard Holbrooke. La Bosnie est divisée en deux entités, la Republika srpska (RS, serbe) et la Fédération croato-musulmane, les deux reliées par de faibles institutions centrales.

- 15 décembre 2000: La Serbie, qui à l'époque faisait partie de la République Fédérale de Yougoslavie (RFY/ Serbie et Monténégro), établit des relations diplomatiques avec la Bosnie. Belgrade a entretenu des relations étroites et régulières avec la RS, évitant les contacts avec la Fédération croato-musulmane.

- 11 juillet 2005: Le président serbe pro-européen, Boris Tadic, se rend à Srebrenica pour s'incliner devant les victimes musulmanes, un premier signe tangible de réchauffement des relations. Le refus obstiné de Belgrade de reconnaître qu'un génocide s'est produit à Srebrenica, les autorités serbes préférant qualifier la tuerie de "crime monstrueux", ne cesse d'empoisonner les relations entre Belgrade et Sarajevo.

- 11 juillet 2010: M. Tadic se rend de nouveau à Srebrenica et, en mars, le Parlement serbe adopte une résolution sur la tuerie mais toujours sans que le mot "génocide" soit employé.

- 6 juillet 2011: Visite officielle de M. Tadic à Sarajevo au cours de laquelle les responsables des deux pays se sont engagés à améliorer leurs relations.

- 23 avril 2013: Le membre musulman de la présidence bosnienne Bakir Izetbegovic effectue une visite officielle à Belgrade où il est reçu par Tomislav Nikolic, un ancien ultra-nationaliste serbe devenu pro-européen.

- 11 juin 2015: Le commandant de guerre de Srebrenica Naser Oric est arrêté en Suisse sur la base d'un mandat d'arrêt émis par la Serbie qui le recherche pour crime de guerre. Cela refroidit immédiatement les relations entre les deux États. Une visite officielle de M. Nikolic à Sarajevo est reportée sur demande de M. Izetbegovic.

- 8 juillet 2015: La Serbie se félicite du veto mis par la Russie à un projet de résolution de l'ONU qualifiant de "génocide" le massacre de Srebrenica, une décision qui, avaient déploré les proches des victimes, "rend la réconciliation impossible". Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic déclare qu'il se rendra néanmoins à Srebrenica invoquant la nécessité d'une réconciliation entre Serbes et musulmans.

- 11 juillet 2015: M. Vucic est touché à la tête par un jet de pierre pendant la commémoration du massacre de Srebrenica, mais affirme, de retour à Belgrade, qu'il continuera à oeuvrer à la réconciliation entre Serbes et Musulmans.

Vingt ans après le massacre de Srebrenica, la Bosnie, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, est figée dans ses divisions et reste à la traîne des candidats à l'adhésion à l'Union européenne.