Le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic, touché samedi à la tête par un jet de pierre lors de la commémoration du massacre de Srebrenica, a d'abord incarné le rôle d'un faucon ultranationaliste sous le régime de Slobodan Milosevic avant de devenir un pro-européen convaincu.
Né le 5 mars 1970 à Belgrade, Vucic commence sa vie professionnelle comme journaliste dans la république serbe de Bosnie après des études de droit. En 1993, cet homme de haute taille et au visage d'adolescent rejoint le Parti radical ultranationaliste dont il devient rapidement l'un des plus hauts responsables.
En 1998, il assied sa réputation de dur en signant, en tant que ministre de l'Information dans un gouvernement d'union nationale auquel participe Slobodan Milosevic, une loi imposant aux médias des amendes draconiennes, dont plusieurs organes indépendants ne se remettront pas. En octobre 2000, Milosevic est chassé du pouvoir et Vucic perd son poste de ministre.
On le retrouve au parlement trois ans plus tard, toujours pour le Parti radical serbe (PRS) au sein duquel il brigue en vain, en 2004 et 2008, la mairie de Belgrade.
Auparavant, des années durant, M. Vucic a défendu avec acharnement les leaders serbes de Bosnie accusés d'être responsables des atrocités commises pendant le conflit intercommunautaire de 1992-95 dans cette ex-république yougoslave.
"Si vous tuez un Serbe, nous allons (tuer) 100 Musulmans", menace-t-il en juillet 1995, quelques jours après le massacre de Srebrenica où 8.000 Musulmans sont tués par les forces serbes bosniennes.
En 2007, il assure encore que son domicile "sera toujours un asile sûr pour le général Ratko Mladic", chef militaire des Serbes de Bosnie poursuivi par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Un an plus tard, il affiche publiquement son soutien au chef politique des serbes bosniens Radovan Karadzic.
Mais, à la surprise générale, il annonce en 2008 avec Tomislav Nikolic son départ du Parti radical pour créer le Parti serbe du progrès (SNS), parti conservateur pro-européen. "J'ai changé", déclare-t-il alors.
En 2010, M. Vucic reconnaît "qu'un crime horrible a été commis à Srebrenica" et dit "avoir honte" des Serbes qui en sont responsables.
Sa carrière politique prend un nouvel envol avec la victoire du SNS aux législatives de 2012 et il devient premier vice-président du gouvernement d'Ivica Dacic et ministre de la Défense. En septembre de la même année il prend la présidence du SNS.
Il devient l'homme politique le plus puissant de Serbie, celui qui a le dernier mot dans tous les dossiers, de la Sécurité nationale en passant par le rapprochement à l'Union européenne, les négociations avec le Kosovo, l'Économie et la lutte contre la corruption.
Le 27 avril 2014 il est élu président du gouvernement de la Serbie.
Marié deux fois, Aleksandar Vucic a deux enfants.