« Je ne suis pas le monstre que le procureur vous a décrit, je ne suis pas le génocidaire que les premiers juges ont fait de moi aux yeux du monde », a protesté le prêtre catholique, s'adressant à la chambre d'appel.
Le 27 février 2009, l'abbé Rukundo avait été reconnu coupable de génocide, extermination et assassinats.
Selon ce jugement, il a, entre autres crimes, participé, en avril 1994, en collaboration avec des militaires et des miliciens Interahamwe, à l'enlèvement et aux tueries de Tutsis qui avaient cherché refuge au Petit séminaire Saint Léon à Gitarama (centre).
« La justice humaine n'est pas toujours juste ; elle est parfois inique et arbitraire. Même la justice internationale censée être le modèle n'est pas exempte de considérations parfois étrangères à la justice », a déclaré l'appelant, sur un ton posé, comme lors d'une homélie.
« Il n'y a rien de pire pour un innocent que d'avoir à se défendre », a poursuivi l'homme d'église, se disant « profondément consterné par le raisonnement des premiers juges ».
« J'ose espérer que vous allez restituer la vérité et me rétablir dans ma dignité humaine. Que le Dieu de Justice vous guide dans cette noble mission que l'humanité vous a confiée », a-t-il prié.
Dernier intervenant de cette journée consacrée à l'audience d'appel, l'abbé s'exprimait après ses avocats, dont Aïcha Condé, du barreau de Paris, qui a qualifié les accusations portées contre son client, d'« histoires à dormir debout, inventées de toutes pièces ».
Me Condé a reproché à la chambre de première instance de ne pas avoir accordé toute leur importance aux contradictions des témoins de l'accusation.
« La chambre a essayé de pallier les lacunes du procureur, a sauvé le procureur », a-t-elle soutenu, appelant les juges d'appel à acquitter le prêtre.
Pour sa part, le Gambien Ousman Jammeh, du bureau du procureur, a requis la peine maximale.
« Nous vous demandons de revoir la décision et d'imposer la peine appropriée, en l'occurrence l'emprisonnement pour le reste de sa vie », a dit le magistrat gambien invoquant « la gravité des infractions » et « la responsabilité individuelle » de Rukundo.
Il a souligné que l'appelant avait abusé de « son statut de prêtre et d'aumônier militaire » ainsi que d'homme ayant étudié la théologie.
La date de l'arrêt sera annoncée ultérieurement.
ER/GF
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