Aujourd'hui âgé de 68 ans, Ntawukulilyayo qui dirigeait la sous-préfecture de Gisagara (sud), frontalière du Burundi, a été condamné pour génocide et acquitté des chefs de complicité de génocide et d'incitation directe et publique à commettre le génocide.
« La chambre condamne Ntawukulilyayo à une peine unique de 25 ans d'emprisonnement », a déclaré la juge présidente Khalida Rachid Khan (Pakistan), au terme de la lecture d'un résumé du jugement.
La décision a été prise à la majorité, l'un des juges, le Turc Aydin Sefa Akay, ayant émis une opinion dissidente.
Selon le jugement, l'ancien sous-préfet a, dans l'après-midi ou la soirée du 23 avril 1994, transporté des militaires sur la colline de Kabuye (dans son entité administrative) où s'étaient réfugiés des Tutsis.
Il a quitté les lieux après avoir permis à ces militaires de se positionner pour ensuite ouvrir le feu sur les Tutsis, indique le jugement qui souligne que « des centaines voire des milliers de personnes ont été tuées ou blessées ».
Interrogé après le verdict, Gustave Ntawukulilyayo, fils de l'ancien responsable, s'est dit « extrêmement surpris et choqué » par le jugement. « Il a été largement démontré que le dossier à charge n'était qu'un montage », a-t-il affirmé. « Cette décision qui n'a pas été prise à l'unanimité laisse penser que Dominique Ntawukulilyayo a toutes les chances d'obtenir un acquittement en appel », a renchéri l'avocat mauritanien du condamné, Maroufa Diabira.
Pour sa part, le chef des poursuites au bureau du procureur, l'Ougandais Richard Karegyesa, a déclaré qu'il attendait de lire le texte intégral du jugement pour décider de faire appel ou non.
C'est le deuxième du jugement du TPIR concernant le massacre de Kabuye, après celui de l'ancien directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, Callixte Kalimanzira, condamné à 30 ans de prison en juin 2009
Ntawukulilyayo a été arrêté le 16 octobre 2007 à Carcassonne, dans le sud-ouest de la France.
ER/GF
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