Le procureur général de Colombie, Eduardo Montealegre, a annoncé dimanche qu'il préparait les premières mises en examen pour crimes de guerre de leaders des Farc, le principal groupe de rebelles, qui est engagé dans des négociations de paix avec le gouvernement depuis fin 2012.
Dans un entretien avec le quotidien El Tiempo, M. Montealegre a déclaré qu'au "second semestre" de cette année, le parquet se préparait à "énoncer les premières mises en examen pour crimes de guerre contre l'état-major et le secrétariat des Farc" pour avoir miné un territoire indigène et pour recrutement forcé de mineurs.
"Le parquet se concentre sur l'enquête portant sur des crimes internationaux, notamment ceux qui ont une connotation de crimes de guerre. Les crimes de guerre sont ceux qui sont commis dans le cadre d'un conflit armé, comme par exemple, l'utilisation de moyens illicites de combat", a-t-il expliqué.
Les négociations entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), ouvertes à Cuba en novembre 2012, visent à régler le plus vieux conflit latino-américain, qui a fait officiellement en un demi-siècle quelque 220.000 morts et provoqué le déplacement de six millions de personnes.
Les deux parties ont réglé trois des six points figurant à l'ordre du jour, mais le problème le plus épineux demeure celui de la justice transitionnelle devant s'appliquer aux démobilisés, les Farc refusant un accord impliquant de la prison pour les guérilleros, selon des sources dans les deux camps.
Le président Santos a dit cette semaine que l'accord de paix ne pourrait être conclu que si les Farc comprenaient qu'il est nécessaire qu'ils se soumettent à la justice et que les amnisties générales étaient impossibles.
M. Montealegre prévient en outre qu'un "processus de paix sans justice, notamment de type pénal, est aujourd'hui impossible sur le plan éthique et juridique. Il existe des normes internes et des engagements internationaux qui interdisent à l'Etat colombien de tourner la page de la guerre sans que l'on doive rendre des comptes face aux responsables de décennies de violences".
"Si les Farc n'acceptent pas ces conditions minimales, le président ne pourra signer un accord de paix", a-t-il ajouté.
Selon M. Montealegre, le Parquet enquête sur plus de "56.000 graves violations des droits humains auxquelles se sont livrées les Farc".