Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc ont conclu à Cuba un accord portant sur la désescalade du conflit, se donnant pour objectif un cessez-le feu bilatéral pour la première fois depuis l'ouverture de pourparlers de paix fin 2012.
A partir du 20 juillet, le gouvernement colombien "entamera un processus de désescalade des actions militaires, en réponse à la suspension des actions offensives des Farc" annoncée plus tôt cette semaine, ont déclaré dimanche à La Havane les diplomates norvégien Dag Nylander et cubain Rodolfo Benitez, dont les pays accompagnent les discussions de paix menés depuis novembre 2012 à Cuba.
Ce processus, qui vise à donner un nouvel élan aux discussions de paix dans un contexte de recrudescence du conflit, prévoit pour la première fois un cessez-le feu de l'armée, une option que le président Juan Manuel Santos a longtemps rejetée, craignant que la rébellion en tire profit pour se renforcer.
Les parties ont "décidé de faire tous les efforts nécessaires pour parvenir sans tarder à la signature d'un accord (de paix) final", et définir "sans délai les termes du cessez-le-feu bilatéral et définitif", indique le texte signé par les délégations du gouvernement et de la rébellion.
La rébellion avait ouvert la voie à cet accord mercredi en annonçant une nouvelle trêve unilatérale, prévue sur 30 jours à partir du 20 juillet. Un de ses porte-parole a indiqué à l'AFP que les Farc se donnaient un mois pour examiner son éventuelle prolongation.
Les négociateurs de La Havane se sont aussi mis d'accord pour demander au secrétariat général de l'ONU et à la présidence de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) un "accompagnement" pour mener la "surveillance et la vérification" de cette désescalade.
Gouvernement et rébellion ont prévu d'effectuer une évaluation de la situation dans quatre mois, a précisé M. Benitez.
- 'Renforcer la confiance' -
Peu après cette annonce, le président colombien a salué sur son compte Twitter "un pas important pour avancer" vers la paix.
De son côté, le numéro deux des Farc et chef des négociateurs de la rébellion Ivan Marquez a estimé devant la presse qu'il s'agissait là d'un "élan vigoureux, prometteur et plein d'espoir" pour le processus de paix.
Toujours à La Havane, son homologue du gouvernement colombien Humberto de la Calle a ensuite souligné que l'accord visait "à renforcer la confiance des Colombiens" envers le processus de paix, précisant que si le gouvernement allait réduire ses opérations, il n'était pas question pour lui d'abandonner son rôle de protection de la population colombienne.
Principale rébellion du pays avec près de 8.000 combattants selon les autorités, les Farc avaient déjà observé une trêve de cinq mois entre décembre et mai dernier, produisant une véritable accalmie sur le terrain.
Mais la rébellion a repris les chemins des combats dans la foulée d'une série d'offensives de l'armée, générant des craintes au sein de la communauté internationale et des doutes du côté de l'opinion colombienne sur le bien fondé des pourparlers.
Le 7 juillet, les quatre pays accompagnant le processus de paix - la Norvège, Cuba (pays "médiateurs"), le Chili et le Venezuela (pays "accompagnateurs") - s'étaient émus du regain des hostilités et avaient appelé à une "désescalade urgente" du conflit.
Les négociations de paix de La Havane sont destinées à régler le plus vieux conflit latino-américain, qui a fait officiellement en un demi-siècle quelque 220.000 morts et provoqué le déplacement de six millions de personnes.
Jusqu'à présent, le gouvernement et la guérilla ont noué des accords partiels sur trois des six points à l'agenda des négociations, lançant également un plan de déminage et une Commission de la Vérité.
Ils sont désormais proches d'un accord partiel autour de la réparation des victimes, à laquelle succéderont deux questions épineuses : l'abandon des armes et les modalités de ratification d'un accord de paix final.