Le parquet allemand a demandé la prison à perpétuité jeudi contre un Gambien accusé notamment de "crime contre l'humanité" en raison de sa participation présumée à des assassinats dans son pays entre 2003 et 2006, dont celui d'un correspondant de l'AFP.
Il "a requis la condamnation de l'accusé à la prison à vie pour crime contre l'humanité, meurtre et tentative de meurtre dans trois cas au total", a indiqué à l'AFP un porte-parole du tribunal de Celle en Basse-Saxe, où il est jugé.
Le ministère public n'a en revanche pas demandé que des "circonstances aggravantes" soient aussi prises en compte. En droit allemand, cela signifie qu'une remise en liberté peut être envisageable au bout de quinze ans.
Présenté par les médias comme Bai Lowe mais seulement identifié comme Bai L. par la justice allemande, le suspect a été interpellé à Hanovre en Allemagne en mars 2021. Son procès a débuté en avril 2022.
Il était entre 2003 et 2006 le chauffeur d'une unité des forces armées chargée d'assassiner des critiques du régime de Yahya Jammeh, président alors au pouvoir à Banjul.
Cette unité était utilisée "entre autres, pour exécuter des ordres d'assassinat illégaux. L'objectif était d'intimider la population gambienne et de réprimer l'opposition", selon le parquet.
"Dans ce contexte, l'accusé a participé à trois ordres de liquidation de ce type au total", qui ont abouti à deux meurtres et une tentative de meurtre, a-t-il ajouté.
Il est notamment soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat par balles le 16 décembre 2004 du journaliste gambien Deyda Hydara, correspondant de l'AFP. Il aurait convoyé en voiture les assassins du journaliste, selon l'acte d'accusation.
La justice allemande applique dans ce cas le principe de la "compétence universelle" qui permet de juger dans le pays certains crimes quel que soit l'endroit dans le monde où ils ont été commis.
Le suspect a de son côté toujours clamé son innocence. "Je n'ai pas participé à ces actes", a dit en octobre son avocat, lisant devant le tribunal une longue déclaration écrite signée par l'accusé.
Dans les prochains jours, les avocats feront leurs plaidoiries finales, avant un verdict attendu entre le 7 et le 8 décembre, selon le tribunal de Celle.