Le témoin 68 a raconté avoir dû fuir sa maison, fin octobre 2002, lors de l'attaque de son quartier. « Sur le chemin, nous avons croisé des soldats (...) L'un d'entre eux a saisi ma belle-sœur, l'autre a pris le colis que j'avais sur la tête. Ils m'ont emmenée à l'intérieur de la concession. Ils ont commencé à me violenter, à me déshabiller » a-t-elle expliqué au substitut du procureur, Petra Knauer. « Le premier banyamulenge, qui avait réussi à arracher mon pagne que j'avais autour de la taille, a arraché ma culotte. Eux, ils avaient seulement enlevé leur pantalon. Ils avaient déposé leurs armes par terre, ainsi que les habits qu'ils avaient enlevés (...) Le troisième avait les pieds sur mes mains, il me menaçait avec une arme. Tout ce qu'ils me faisaient, ils me faisaient très mal, donc je pleurais. Et je me suis trouvée mal (...). Aujourd'hui, a-t-elle encore expliqué à la Cour dans un sanglot, chaque fois que je vois un soldat en arme, je retrouve la même sensation que j'avais ».
Lors de son contre-interrogatoire, maître Peter Haynes, l'un des avocats de Jean-Pierre Bemba, a tenté de contester la validité du certificat médical présenté à la Cour. Il a aussi souligné que les victimes s'étaient rencontrées, tentant d'établir qu'elles avaient partagé leurs témoignages. « On ne tenait pas de réunions pour échanger sur ce qui nous était arrivé, il n'y avait pas de forum pour raconter nos expériences », a protesté le témoin.
Le procureur a ensuite appelé un nouveau témoin à la barre, qui a commencé à déposer sur les combats entre d'une part, les rebelles de François Bozize, et d'autres part, l'armée gouvernementale centrafricaine et les miliciens de Jean-Pierre Bemba. « Le chef de l'état et François Bozize ne s'entendaient pas bien. Par la suite, Bozize a pris le maquis et c'est comme cela qu'il est devenu rebelle », a commencé à raconter le témoin, un agriculteur.
SM/ER
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