Maître Courtenay Griffiths avait quitté l'audience le 8 février, juste avant le début du réquisitoire, après avoir appris que sa plaidoirie écrite avait été remise trop tard - après la date limite du 14 janvier - pour être acceptée par les juges.
L'ancien président du Libéria avait lui même profité d'une pose pour ne plus réapparaître dans le prétoire, arguant avoir « besoin de repos ».
L'audience du 9 février s'est donc ouverte sans l'accusé, resté à la prison de Scheveningen. Les juges ont ajourné le procès à vendredi, sans donner plus d'éclairages sur la procédure à venir.
Accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis en Sierra Léone entre 1996 et 2002, Charles Taylor a nié, tout au long des trois ans de procès, toute implication dans la guerre civile en Sierra Leone, qui a fait près de 150 000 morts.
Au cours d'une conférence de presse, maître Courtenay Griffiths, l'avocat de Charles Taylor, a prévenu que son client ne serait pas présent vendredi. Visiblement en colère, l'avocat comprend mal pourquoi les juges ont rejeté ce mémoire, qui analyse trois années de procès. Il y voit « une question d'ego, plus que de justice ». Charles Taylor, a affirmé l'avocat, n'essaie pas « de manipuler cette Cour », sachant « qu'il n'a pas ce pouvoir ». Maitre Griffin a conclu : « Nous ne défions pas du tout cette autorité ».
La décision des juges a provoqué de nombreuses interrogations dans les rangs du public, notamment de diplomates venus écouter les derniers débats de ce procès fleuve. Du côté du bureau du procureur, une certaine frustration était perceptible, tant dans le prétoire que dans les couloirs du tribunal.
Si les juges donnent aux avocats de Charles Taylor l'autorisation de faire appel, il faudra encore attendre plusieurs semaines la future décision. Le procès de Charles Taylor pourrait donc encore se prolonger.
Mis en accusation en 2003, Charles Taylor avait été arrêté en 2006, au Nigéria. Il avait ensuite été transféré à La Haye, aux Pays-Bas, pour des raisons de sécurité. La présidente du Libéria, Ellen Johnson-Sirleaf, avait estimé que sa présence en Afrique de l'Ouest constituait un danger.
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