Le gouvernement égyptien a annoncé mercredi que la place Rabaa al-Adawiya au Caire, où des centaines de partisans de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi ont été tués par les forces de l'ordre, portera le nom du procureur général Hicham Barakat tué dans un attentat.
M. Barakat avait été assassiné fin juin dans une attaque spectaculaire à la voiture piégée au Caire. Il est le plus haut représentant de l'Etat à avoir été tué dans la vague d'attentats qui secouent l'Egypte depuis que l'armée a destitué M. Morsi en juillet 2013.
M. Barakat avait déféré devant la justice des milliers d'islamistes dont des centaines ont été condamnés à mort, après la destitution du président Morsi.
"Le conseil des ministres a donné son accord pour donner à la place Rabaa al-Adawiya le nom du martyr Hicham Barakat", a indiqué dans un communiqué le bureau du Premier ministre Ibrahim Mahlab.
Le 14 août 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 600 manifestants pro-Morsi en dispersant des milliers de partisans du président islamiste rassemblés sur la place Rabaa Al-Adawiya au Caire, selon des chiffres officiels.
L'organisation internationale Human Rights Watch (HRW) avait accusé les nouvelles autorités d'avoir perpétré ce jour-là "une tuerie de masse" qui "s'apparente probablement à un crime contre l'Humanité", réclamant une enquête visant jusqu'à l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, artisan de la destitution de M. Morsi.
Dans un rapport présenté en août 2014, HRW parle de 817 morts sur la place Rabaa.
"Sur la place Rabaa, les forces de sécurité égyptiennes ont perpétré l'une des plus grandes tueries de manifestants en une seule journée dans l'histoire récente", avait estimé HRW.
Le ministère de l'Intérieur avait quant à lui affirmé que 10 policiers au moins avaient été tués par des tirs de manifestants durant la dispersion.
Depuis l'éviction de M. Morsi, plus de 1.400 personnes, en majorité des manifestants islamistes, ont été tuées dans la répression.
Des milliers d'autres ont été emprisonnés, tandis que des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.
L'assassinat de M. Barakat n'a pas été revendiqué, mais des groupes jihadistes ont multiplié les attentats contre les forces de sécurité, disant agir en représailles à la répression.
La branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait également appelé ses partisans à attaquer les juges.