Les deux humanitaires français tués début février dans le sud-est de l'Ukraine ont été victimes d'une "attaque délibérée" menée par des drones, a déclaré mardi l'ONG suisse pour laquelle ils travaillaient.
Au lendemain de cette attaque du 1er février, le président français Emmanuel Macron avait dénoncé une "frappe russe" constituant un "acte lâche et indigne".
L'équipe de six collaborateurs de l'Entraide protestante suisse (Eper, Heks en allemand) a été attaquée alors qu'elle était en mission pour évaluer la situation humanitaire dans la région entourant la ville de Beryslav, sur la rive nord du fleuve Dniepr, près de la ligne de front.
"Alors qu'ils sortaient de Beryslav, ils ont soudainement été attaqués par des drones", a indiqué l'ONG dans un communiqué.
Deux membres du personnel de l'ONG, deux Français, ont perdu la vie, et quatre autres, trois Français et un Ukrainien, ont été blessés.
Une enquête interne de l'ONG, se basant sur les déclarations des personnes directement impliquées et touchées et sur celles d'autres témoins, montre qu'il s'agissait d'une "attaque délibérée" menée par des drones.
En France, le parquet antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête après la mort des deux humanitaires français.
Cette enquête est ouverte pour crimes de guerre et atteinte volontaire à la vie d'une personne protégée par le droit international humanitaire notamment.
Confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH), c'est la 10e procédure ouverte par le Pnat depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022.
Selon l'ONG suisse, l'objectif de la mission était d'évaluer les zones où l'aide humanitaire pouvait être fournie.
Avant d'accéder à la zone où l'attaque a eu lieue, son équipe avait obtenu la permission des administrations civiles et militaires de l'oblast de Kherson, selon le communiqué.
Ses collaborateurs voyageaient dans deux 4x4 blancs, munis du logo de l'ONG sur les portes et le capot, ainsi que de symboles "No weapons" (pas d'armes). Après avoir passé deux postes de contrôle militaires, ils ont atteint le hub humanitaire de Beryslav pour une réunion avec la coordinatrice locale de l'aide humanitaire.
Ils ont été attaqués alors qu'ils sortaient de Beryslav. Un véhicule a été touché et les occupants de l'autre véhicule se sont arrêtés pour assister leurs collègues.
D'autres frappes de drones ont suivi, blessant les six collaborateurs et causant des blessures mortelles à Guennadi Guermanovitch (coordinateur senior de la sécurité) et Adrien Pajol (chargé de programmes itinérant), tous deux de nationalité française, indique l'ONG.
Les blessés se sont réfugiés dans deux maisons, emmenant avec eux les corps de leurs collègues, avant d'être évacués à la tombée de la nuit vers un centre de santé local, puis le lendemain vers Kiev.