HRW dénonce de multiples attaques de forces éthiopiennes contre le secteur médical

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Les forces éthiopiennes ont mené des attaques "à grande échelle contre le secteur médical" qui "constituent des crimes de guerre", dans leur conflit contre des milices locales dans la région de l'Amhara, accuse mercredi l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Dans un rapport de 66 pages, HRW "consigne la façon dont les forces fédérales éthiopiennes et des milices gouvernementales ont attaqué du personnel médical, des infrastructures et véhicules de santé dans au moins 13 localités depuis le début des combats" en Amhara entre forces fédérales et milices amhara (Fano) en août 2023.

L'ONG rappelle que le droit international interdit les attaques contre les civils et accorde une protection particulière aux infrastructures, professionels et véhicules médicaux.

Or selon elle, "les forces éthiopiennes ont compromis ou perturbé le fonctionnement des hôpitaux" et "des soldats ont battu, arrêté arbitrairement ou intimidé des professionnels de santé ayant soigné des blessés et des malades, dont de présumés combattants Fano", mais "aussi attaqué des ambulances et des véhicules médicaux".

"Des forces fédérales ont empêché l'accès à des structures médicales, notamment en arrêtant abusivement des patients sous de vagues soupçons d'appartenance aux Fano, répandant la peur chez ceux aspirant à des soins ou en ayant besoin", poursuit l'ONG.

"Les forces fédérales éthiopiennes, qui agissent avec une quasi-impunité, font sans surprise peu de cas des vies civiles en attaquant des structures médicales", explique Laetitia Bader, directrice Afrique adjointe d'HRW, dans un communiqué.

HRW rappelle que le "contexte de plus en plus difficile" en Amhara, marqué notamment par des combats, des attaques contre des travailleurs humanitaires ou des difficultés de déplacements y compris dans les zones contrôlées par les Fano, pèse aussi sur les organisations humanitaires, dont neuf employés ont été tués depuis août, parmi lesquels quatre depuis janvier.

L'ONG souligne que le suivi international de la situation des droits humains en Ethiopie est "limité" depuis le non-renouvellement en octobre 2023 du mandat d'une commission d'enquête de l'ONU et que les journalistes ont un accès limité à l'Amhara, région d'environ 23 millions d'habitants.

Le 14 juin, un rapport du bureau du Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU estimait que "les forces fédérales et les Fano étaient impliquées dans de nombreuses violations du droit humanitaire international ayant fait plus de 2.000 victimes civiles en Amhara", rappelle HRW.

"Un contrôle international plus important est nécessaire en Ethiopie", estime Mme Bader, "car tant que le gouvernement (fédéral) ne se sent pas sous pression pour traduire ses forces en justice, de telles atrocités sont fortement susceptibles de se poursuivre".