Commandant dans les Forces nationalistes et intégrationnistes (FNI), l'une des milices actives dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), Mathieu Ngudjolo est accusé de crimes contre l'humanité commis lors de l'attaque de Bogoro, le 24 février 2003.
Selon le témoin, protégé par un pseudonyme, Mathieu Ngudjolo, infirmier de profession, était au centre de santé de Kambutso le jour de l'attaque.
« J'ai quitté ma maison le matin, je suis arrivé au poste de santé et j'y ai trouvé l'accoucheuse, et Mathieu Ngudjolo m'y a trouvé. Lorsque le crépitement des balles s'est intensifié, vers 9h du matin, je me suis rendu sur la colline où beaucoup de gens étaient en train d'observer ce qui se passait.»
Assez confus sur la suite des événements, le témoin explique d'abord qu'il est retourné à son domicile. Mais sous les questions de l'avocat de Ngudjolo, le professeur Jean-Pierre Fofé, il précise être d'abord repassé par le centre de santé, où il affirme que Mathieu Ngudjolo était toujours présent.
Epinglé par le substitut du procureur, Dianne Luping, le témoin explique : « Quand j'ai quitté la colline, je suis retourné au centre de santé et lorsque j'y suis arrivé, Mathieu Ngudjolo et l'accoucheuse étaient là. Le nouveau né était décédé et on avait pris sa dépouille mortelle à la maison. C'était vers la fin des combats et je me suis rendu, ensuite, à mon domicile ».
« Le fait est, monsieur le témoin, que Mathieu Ngudjolo est un ami proche de la famille ? rétorque Dianne Luping. En fait, c'est votre chef. C'est pourquoi vous dites à la chambre qu'il se trouvait à Kambutso alors que le combat se poursuivait, qu'il n'était pas à Bogoro. C'est pour cela, n'est-ce pas ? ». « Moi, je suis en train de vous dire la vérité. Il ne se trouvait pas à Bogoro au moment des combats » répond simplement le témoin.
Vendredi matin, la défense a commencé l'audition d'un troisième témoin, un directeur d'école, qui a longuement évoqué le parcours scolaire de l'accusé, provoquant visiblement l'impatience du président de la chambre, le juge Bruno Cotte. « Nous comprenons que vous souhaitez faire le portrait de Mathieu Ngudjolo, personnage de santé publique. Mais trouvez-vous intéressant de se concentrer sur le cursus scolaire de monsieur Ngudjolo ? Nous nous intéressons à son passé militaire, à son passé médical ».
Les audiences se poursuivront mardi 22 août.
Mathieu Ngudjolo a été transféré à la prison de la Cour pénale internationale, à La Haye, le 7 février 2008. Il est co-accusé, avec Germain Katanga, l'un des commandants d'une autre milice de l'Ituri. Leur procès s'est ouvert le 24 novembre 2009.
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