A l'époque des faits visés dans l'acte d'accusation, Matthieu Ngirumpatse était président du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) tandis qu'Edouard Karemera en était le vice-président.
Poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité, ils répondent essentiellement, de crimes perpétrés par des membres du parti, en particulier les jeunes, les fameux miliciens Interahamwe. « Ils ont construit une machine, les Interahamwe, ils ont huilé et mis en marche cette machine et nettoyé tous les obstacles. La seule peine appropriée est la prison à vie », a déclaré la sierra-léonaise Sunkarie Ballah-Conteh du bureau du procureur
« Ils ont organisé ces Interahamwe. Ils ont transformé les Interahamwe, l'aile jeunesse de leur parti, en une machine à tuer et violer », a-t-elle poursuivi.
« Karemera et Ngirumpatse, tous deux fils hautement instruits et privilégiés du Rwanda, tous deux juristes, ont abusé de l'estime dont ils jouissaient et de leur influence et de leurs pouvoirs personnels », a renchéri Richard Karegyesa.
Le magistrat ougandais a affirmé que « sans les Interahamwe, les viols et massacres de Tutsi n'auraient pas pu atteindre une telle ampleur ».
« Ils ont mis en place le gouvernement intérimaire et ont orienté, mis en application et défendu ses politiques génocidaires. Nous affirmons que les éléments de preuve versés au procès démontrent au-delà de tout doute raisonnable leur responsabilité pénale individuelle dans le génocide au Rwanda », a-t-il conclu.
Mardi, les avocats de Karemera réagiront à ce sévère réquisitoire tandis que ceux de Ngirumpatse prendront la parole mercredi.
Karemera a été arrêté 5 juin 1998 au Togo et Ngirumpatse 6 jours plus tard au Mali. Leur procès, dans lequel ils comparaissaient avec l'ancien secrétaire du parti, Joseph Nzirorera décédé en juillet, a débuté le 19 septembre 2003.
Les juges promettent de rendre leur jugement avant le 31 décembre.
ER/GF
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