Kosovo : Pjetër Shala condamné à 18 ans de prison

Les Chambres spécialisées du Kosovo ont condamné Pjetër Shala à 18 ans de prison, mardi 16 juillet, pour des crimes de guerre perpétrés en 1999 pendant la guerre contre la Serbie, à l’encontre de civils dans l’usine métallurgique de Kukës, au nord de l’Albanie. Surnommé « commandant Wolf », l’ancien combattant de l’Armée de libération du Kosovo, dont le procès s’est ouvert en février 2023, est le quatrième condamné du tribunal spécial basé à La Haye.

Pjetër Shala, lors de son verdict devant les Chambres spécialisées du Kosovo
L’ancien membre de l’Armée de libération du Kosovo, Pjetër Shala, lors de son verdict devant les Chambres spécialisées du Kosovo, à La Haye, le 16 juillet 2024. Photo : © Piroschka van de Wouw / ANP / AFP
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Un ex-commandant rebelle kosovar a été reconnu coupable de crimes de guerre mardi et condamné à 18 ans de prison pour abus et meurtre en 1999 lors de la guérilla indépendantiste contre les forces serbes à la fin des années 1990.

Pjeter Shala, 60 ans, également connu sous le nom de "Commandant Wolf", était un chef militaire dans l'ouest du Kosovo pendant le conflit d'indépendance en 1998-1999, lorsque les rebelles séparatistes de l'UCK combattaient les forces loyales au dirigeant serbe de l'époque, Slobodan Milosevic, a indiqué le tribunal.

Cette juridiction, un tribunal spécial international qui siège à La Haye, "vous condamne à 18 ans de prison", a déclaré la juge Mappie Veldt-Foglia à l'adresse de M. Shala.

Vêtu d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate violette, ce dernier a commencé à parler bruyamment aux juges lors du prononcé de la peine. Il a fini par se calmer après avoir parlé brièvement à ses avocats.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si la défense va interjeter appel, mais elle dispose de 30 jours pour le faire. M. Shala a plaidé non coupable lors du procès.

Arrêté en Belgique en 2021, il était accusé de détention arbitraire et traitement cruel d'au moins 18 détenus civils soupçonnés d'espionnage ou de collaboration avec la Serbie, de tortures et de meurtre.

Il a été reconnu coupable de trois de ces chefs d'accusation mais acquitté de traitement cruel.

Selon le tribunal, M. Shala faisait partie d'un groupe de soldats de l'UCK qui ont gravement maltraité des détenus dans une usine métallurgique servant de quartier général de l'UCK à Kukes, dans le nord-est de l'Albanie.

Là, les membres de l'UCK ont détenu d'autres Albanais du Kosovo qu'ils accusaient d'avoir "aidé" les forces serbes ennemies, "ou de ne pas avoir suffisamment de sympathie" pour la cause de l'UCK.

Les détenus étaient battus quotidiennement avec des matraques ou des battes de baseball et "vivaient dans une peur constante, sentant qu'ils pouvaient être soumis à des violences physiques ou à la mort à tout moment", a déclaré la juge Mappie Veldt-Foglia.

"M. Shala était le premier à frapper les détenus", a-t-elle poursuivi, ajoutant que "des témoins ont spécifiquement rappelé sa brutalité."

"Atroces souffrances"

Des membres de l'UCK, dont M. Shala, ont refusé qu'un détenu, touché par balle dans la jambe, reçoive des soins médicaux.

"Il est mort le lendemain dans d'atroces souffrances", a indiqué la juge.

Le panel de quatre juges a rendu son verdict sur la base de "preuves crédibles et cohérentes", a-t-elle précisé.

Le tribunal spécial pour le Kosovo, financé par l'Union européenne, est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux et chargée d'enquêter sur des crimes commis par l'UCK pendant et après le conflit.

Les affrontements, de 1998 à 1999, ont fait 13.000 morts et se sont achevés lorsque les forces du président serbe Slobodan Milosevic se sont retirées après une campagne de bombardements de l'Otan qui a duré onze semaines.

La juridiction a porté des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité contre plusieurs hauts responsables de l'UCK, dont l'ancien président du Kosovo Hashim Thaci (2016-2020), qui a démissionné après avoir été inculpé.

En décembre 2022, le tribunal a rendu son premier verdict pour crimes de guerre, condamnant à 26 ans de prison un ex-commandant rebelle, Salih Mustafa, qui dirigeait un centre de tortures. Cette peine a été réduite à 22 ans en appel.

"Tout comme lors des verdicts précédents", le tribunal a adopté "une approche politique", a dénoncé mardi sur Facebook l'Organisation des anciens combattants de l'UCK.

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