L'ex-numéro un du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) est jugé avec son ancien vice-président, Edouard Karemera, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Lundi, le procureur a requis la perpétuité contre les deux anciennes personnalités, les accusant notamment d'avoir créé, dirigé et contrôlé les Interahamwe, « une machine à tuer et violer » ; et mis en place un gouvernement génocidaire.
Mardi, la défense de Karemera a réfuté ces allégations et demandé aux juges d'acquitter l'accusé.
Prenant la parole mercredi, Maître Frédéric Weyl, l'un des avocats de Ngirumpatse, a déclaré que son client avait plutôt « tenté de conjurer la tragédie ». « Aucun des choix de Ngirumpatse, rien dans son comportement ne justifie l'acharnement du procureur », a affirmé le plaideur français pour qui « la chambre sera honorée d'acquitter un innocent ».
Me Weyl a indiqué que l'ex-dirigeant avait explicitement appelé à l'arrêt des massacres dans un discours radiodiffusé le 10 avril 1994.
Défendant le rôle joué par Ngirumpatse dans la mise en place du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide, le défenseur a expliqué que c'est le représentant spécial de l'ONU, le Camerounais Jacques Roger Booh-Booh qui avait souhaité que les partis s'entendent pour la désignation d'une équipe ministérielle.
Pour l'avocat, le MRND a participé à la formation de ce gouvernement non pas dans l'intention génocidaire mais pour « tenter de rétablir la sécurité des personnes et des biens ».
Soutenir le contraire revient, selon lui, à accuser l'ONU de participation à une entente en vue d'exterminer les Tutsis.
Il a enfin nié que Ngirumpatse ait jamais exercé un quelconque contrôle sur les chefs ou les membres des milices Interahamwe.
Prenant le relais, l'avocate principale, Chantal Hounkpatin, également du barreau de Paris, a, de son côté, accusé le procureur de discrimination ethnique. « Le procureur en face ne pleure que l'ethnie tutsie. Le procureur est ethniste. Comment peut-on encore aujourd'hui ne pleurer que les Tutsis ?», a-t-elle demandé. Accusant la partie adverse de « malhonnêteté », elle a soutenu que le procès était purement politique.
Poursuivis pour génocide et crimes contre l'humanité, Ngirumpatse et Karemera répondent essentiellement, de crimes perpétrés par des membres du parti, en particulier les jeunes, les fameux Interahamwe du MRND.
Ils pourront eux-mêmes s'adresser directement à leurs juges jeudi à la clôture de cette dernière passe d'armes
ER/GF
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