Venezuela : Gonzalez Urrutia doit être reconnu comme le "président élu" clame l'opposition

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L'opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet face à Nicolas Maduro, a appelé jeudi la communauté internationale à reconnaitre son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, visé par un mandat d'arrêt, comme président élu du Venezuela.

"Nous sommes arrivés à un point où nous devons aller de l'avant. C'est le moment où Edmundo Gonzalez doit être reconnu comme le président élu du Venezuela", a dit la cheffe de l'opposition Maria Corina Machado lors d'une interview sur internet avec l'organisation Americas Society/Council of the Americas.

"Le monde sait qu'Edmundo Gonzalez est le président élu et que Maduro a été battu à plate couture. Je comprends qu'à un moment donné, la pression a été exercée sur le régime pour qu'il publie les résultats, comme le prévoit la loi au Venezuela. Mais ils (le pouvoir) ne vont pas le faire parce que les résultats prouveraient que nous avons gagné", a-t-elle ajouté.

- "peut tuer"

Comme Mme Machado, M. Gonzalez Urrutia, 75 ans, vit actuellement dans la clandestinité. La justice -- que l'opposition et de nombreux observateurs considèrent aux ordres du pouvoir -- a lancé lundi un mandat d'arrêt contre l'opposant suite à son absence aux trois convocations du parquet concernant une enquête sur le site internet de l'opposition qui le donne vainqueur.

L'enquête du parquet dans le cadre des publications du site porte notamment sur des accusations de "désobéissance aux lois", "conspiration, "usurpation de fonctions" et "sabotage".

Le procureur général Tarek William Saab a assuré jeudi lors d'une conférence de presse que M. Gonzalez Urrutia devait "être traduit devant la justice dans le cadre de la Constitution et de la loi".

L'avocat de l'opposant, José Vicente Haro, a remis une déclaration écrite au ministère public justifiant sa non-présentation aux convocations et soulignant que "sa comparution ne pourrait que contribuer à intensifier davantage la tension sociale, ainsi qu'à consolider un contexte de judiciarisation incriminante de la politique".

"Il se déclare juge et se fait justice lui-même en se déclarant innocent... Le plus grave, c'est qu'il annonce qu'il continuera à être en outrage au tribunal", a rétorqué M. Saab jeudi.

Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52% des voix. Selon l'opposition, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Si les États-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro, ils évitent d'utiliser le terme de "président élu".

Une grande partie de la communauté internationale n'avait déjà pas reconnu la réélection de Maduro en 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition qui avait crié à la fraude.

En 2019, Washington avait fortement durci ses sanctions économiques contre le Venezuela, et reconnu le président de l'Assemblée nationale, l'opposant Juan Guaido, comme "président intérimaire", lui donnant même la gestion des avoirs vénézuéliens aux Etats-Unis.

Il n'avait toutefois jamais eu de pouvoir réel dans le pays et l'opposition avait mis fin à l'expérience en janvier 2023. Le pouvoir vénézuélien moquait régulièrement l'opposition sur le sujet, estimant qu'elle vivait "dans le monde de Narnia".

Après l'annonce de la réélection le 28 juillet de M. Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés. Quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

"À l'heure actuelle, Maduro pense qu'il peut tuer des gens, les faire disparaître, les placer en détention, et que rien ne se passera", a estimé jeudi Mme Machado. "Ce n'est pas vrai (...)il doit être tenu pour responsable des crimes qu'il a commis".

La Cour pénale internationale a ouvert une enquête contre le Venezuela pour de possibles crimes contre l'humanité après la répression de manifestations de 2017 qui avaient fait quelque 200 morts.

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