Des éléments insuffisants d'après la justice, une décision "politique" pour les plaignants: le Parquet national antiterroriste (Pnat) a écarté début septembre la plainte d'associations dénonçant des tortures imputées à un Franco-israélien sur des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas.
Cette vidéo daterait de janvier mais a été relayée en mars sur les réseaux sociaux et aurait été "prise" par ce "supposé soldat franco-israélien, filmant des prisonniers palestiniens dans une situation dégradante et faisant état de tortures", et qui se déroulerait à Gaza, selon des éléments de la plainte.
Mais la plainte a été classée le 2 septembre, a appris l'AFP mardi de source judiciaire.
"Au terme de l'examen de cette procédure, les faits dénoncés apparaissent insuffisamment caractérisés, les éléments versés à l'appui de la plainte n'étant pas suffisants pour établir l'existence d'éventuels actes matériels de complicité", a-t-on précisé.
Cette plainte simple contre X, consultée par l'AFP, avait été adressée mi-avril à Paris au Pnat, compétent en matière de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Elle retenait les chefs de "tortures" et "complicité de tortures en tant que crime de guerre" dans "le contexte d'un conflit armé international".
Les signataires sont l'association belge "Le mouvement du 30 mars", la française "Justice et droits sans frontières" (JDSF), et l'"association des Palestiniens de France- AL JALIYA- Union des Associations palestiniennes en France".
"C'est avec stupéfaction que nous apprenons ce classement sans suite, alors que la plainte comprenait tous les éléments pour ouvrir une enquête. Nous demanderons l'accès au dossier pour comprendre", ont réagi auprès de l'AFP les avocats des associations.
"Le Pnat montre par cette décision une volonté de ne pas faire la lumière sur l'implication, à Gaza, de bi-nationaux dans des crimes de guerre" alors qu'"il va y être de plus en plus confronté", accusent les avocats.
Pour eux, le parquet "décide de fermer les yeux plutôt que de s'y préparer. Cette volonté ne peut être que politique".
Une plainte avec constitution de partie civile pourrait être déposée pour tenter d'obtenir qu'un juge d'instruction enquête sur les faits dénoncés.
- "Ils l'ont torturé" -
Sur la vidéo publiée notamment le 19 mars sur X par Younis Tiwari, un militant de la cause palestinienne qui se présente comme journaliste palestinien, on entendait une voix parlant français disant "t'as vu ces enculés, mon neveu ? (...) il s'est pissé dessus. Je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, ils l'ont torturé pour le faire parler".
On voit un homme entravé, les yeux bandés, semblant porter une corde autour du cou, vêtu d'une combinaison blanche. La même que portent plusieurs hommes entassés dans ce qui semble être un fourgon et qui doivent, selon les associations, être considérés comme "des prisonniers de guerre".
"Vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes", dit encore la voix, en référence à l'attaque inédite du mouvement islamiste palestinien dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
En riposte, Israël a lancé une offensive d'ampleur à Gaza qui a fait au moins 40.988 morts, selon le bilan de lundi du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza.
Le 21 mars, lors d'un point presse, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, avait été questionné sur cette vidéo, qu'il avait qualifiée d'"abjecte". Il avait déclaré ne pas avoir "d'éléments précis qui permettraient d'authentifier" les images.
Interrogée à l'époque par l'AFP sur des accusations d'"abus systématiques" envers des détenus palestiniens lancées par des ONG israéliennes, et sur le fait que les prisonniers à Gaza seraient régis par la loi israélienne sur les combattants irréguliers, qui les prive de nombreux droits, l'armée israélienne avait expliqué que ces détenus étaient emmenés dans ses centres de détention pour y être interrogés et que "ceux qui ne sont pas liés à des activités terroristes sont relâchés dans la bande de Gaza".
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