Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort mardi d'au moins 19 personnes dans une frappe israélienne sur une zone humanitaire dans le sud de la bande de Gaza, Israël affirmant y avoir visé des chefs militaires du mouvement palestinien.
Au 12e mois de la guerre, l'ONU a affirmé qu'un convoi de l'ONU identifié comme tel avait été tenu en joue pendant des heures lundi dans le nord de Gaza à un point de contrôle de l'armée israélienne qui a tiré plusieurs fois. Il s'agit du "dernier exemple en date des dangers et entraves inacceptables" aux opérations humanitaires dans le territoire palestinien, a déploré le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien à partir de Gaza. En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne de bombardements aériens suivie d'une offensive terrestre qui ont dévasté le territoire palestinien et fait des dizaines de milliers de morts.
"En tant que formation militaire", le Hamas "n'existe plus", a affirmé le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, en allusion à ce mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Désormais, le Hamas mène une "guérilla et nous combattons toujours les terroristes du Hamas et traquons" ses dirigeants, a-t-il dit.
Alors que la guerre ne connaît pas de répit, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé qu'au moins 19 Palestiniens avaient été tués dans des frappes israéliennes avant l'aube qui ont touché des tentes de déplacés à Al-Mawassi (sud).
Les morts ont été identifiés dans divers hôpitaux, a-t-il ajouté dans un communiqué. Mais "des victimes se trouvent toujours sous les décombres, sous le sable et sur les routes".
Plus tôt, un responsable de la Défense civile, Mohammed Al-Mughair, a fait état de 40 morts dans ces frappes.
- "Cratères profonds" -
"Des familles entières ont disparu sous le sable, dans des cratères profonds", a déclaré la Défense civile.
L'armée a indiqué avoir mené une "frappe de précision" contre des "cadres du Hamas" à al-Mawassi, un secteur qu'elle avait désigné "zone humanitaire" où se sont réfugiés des Palestiniens appelés à évacuer les secteurs ciblés par les bombardements.
Selon elle, des "terroristes du Hamas opérant dans un centre de commandement" ont été ciblés et des chefs militaires du mouvement figurent parmi les morts, dont trois présentés comme "directement impliqués dans l'exécution du massacre du 7 octobre".
Le Hamas a démenti la présence de combattants dans la zone humanitaire proche de Khan Younès.
Autour de vastes cratères, des dizaines de déplacés ont fouillé le sable à la recherche de leurs biens ensevelis: matelas, vêtements, ustensiles de cuisine éparpillés au milieu de structures de tentes détruites.
- "Qu'ils nous exterminent!" -
"Ils (l'armée israélienne) nous ont dit de venir à al-Mawassi, nous sommes venus. Il n'y a que des tentes ici, et les missiles tombent sur nos têtes", a dit à l'AFP un déplacé palestinien.
Devant un hôpital de Khan Younès où des victimes ont été transférées, Taghreed Abou Assi, désespérée, raconte avoir identifié le corps de sa soeur. "Mon message au monde: s'ils veulent nous exterminer, qu'ils le fassent, parce que nous sommes épuisés, impuissants."
Les frappes à al-Mawassi ont suscité des condamnations internationales. Le patron de l'ONU Antonio Guterres a jugé "inadmissible le recours aux armes lourdes dans des zones densément peuplées". Londres a jugé les décès "choquants", la Turquie a dénoncé un "crime de guerre", l'Egypte a condamné "la poursuite des massacres israéliens" et l'Arabie saoudite "la poursuite du génocide israélien".
L'armée israélienne a précédemment ciblé al-Mawassi. En juillet, selon les autorités sanitaires, plus de 90 personnes avaient péri dans des frappes, Israël affirmant ensuite y avoir tué le chef militaire du Hamas, Mohammed Deif.
Ailleurs dans le territoire palestinien, des bombardements israéliens meurtriers ont touché al-Bureij (centre) et Khan Younès.
- "Conditions terribles" -
Le 7 octobre, des commandos du Hamas ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 41.020 morts à Gaza,selon un bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants assiégés.
Mardi, l'armée israélienne a diffusé une vidéo montrant un petit tunnel où elle a annoncé le 1er septembre avoir retrouvé six corps d'otages à Khan Younès. "C'étaient des héros qui ont survécu à des conditions de détention terribles (jusqu'à ce qu'ils soient) assassinés par le Hamas", y déclare le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari.