L'ONU a fait état mardi de tortures atroces et d'une aggravation générale de la situation des droits de l'homme en Birmanie.
"La Birmanie est en train de sonder l'abysse des droits humains", a lancé James Rodehaver, responsable du Haut-Commissariat aux droits de l'homme pour ce pays.
Son dernier rapport souligne "des régressions massives des droits de l'homme provoquées par l'absence d'État de droit". "L'armée birmane a généré la crise en instrumentalisant le système juridique, en criminalisant presque toutes les formes de dissidence contre ses tentatives de diriger le pays", a-t-il souligné lors d'un point de presse à Genève.
La Birmanie est en pleine tourmente depuis que l'armée a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi et pris le pouvoir en 2021.
La junte est confrontée à une virulente résistance de groupes ethniques rebelles établis de longue date et en pleine reconquête territoriale, et des nouvelles forces pro-démocratie. Depuis le coup d'État, au moins 5.350 civils ont été tués et plus de 3,3 millions de personnes déplacées, tandis que près de 27.400 personnes ont été arrêtées, selon le rapport.
"Des sources crédibles indiquent qu'au moins 1.853 personnes sont mortes en détention, dont 88 enfants et 125 femmes", a précisé pour sa part une porte-parole du Haut-Commissariat, Elizabeth Throssell.
La situation des droits de l'homme a continué de se détériorer, a insisté M. Rodehaver, particulièrement préoccupé par les "conditions horribles" dans les centres de détention, où la torture et les mauvais traitements sont "omniprésents".
Détenus suspendus au plafond sans eau ni nourriture, prisonniers forcés de ramper ou de se mettre à genoux sur des objets durs ou tranchants, serpents, insectes ou autres animaux sauvages introduits dans les cellules pour instiller la terreur, a détaillé le responsable.
Outre les coups avec divers objets, il y a également des témoignages d'"asphyxie, de simulacres d'exécution, d'électrocution et de brûlures avec des pistolets électriques, des briquets, des cigarettes et de l'eau bouillante".
"Ces centres de détention font véritablement appel aux méthodes de torture les plus viles", a dénoncé M. Rodehaver, faisant état de "rapports extrêmement troublants (...) de violences sexuelles contre des détenus hommes et femmes".
Le Haut-Commissariat a souligné l'urgence de traduire en justice les responsables de ces nombreuses violences.
"L'absence de toute forme de responsabilité pour les auteurs favorise la répétition des violations, des violences et des crimes", a averti Mme Throssell. Le Haut-Commissaire, Volker Türk, a une fois de plus appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à saisir la Cour pénale internationale de la situation en Birmanie, a-t-elle déclaré.