Israël a dit mener dans la nuit de vendredi à samedi de nouvelles frappes à Beyrouth visant des dépôts d'armes du Hezbollah, peu après un premier raid meurtrier qui a ciblé, selon l'armée, le "quartier général" du mouvement armé pro-iranien, dans une escalade qui suscite l'inquiétude internationale.
Ces frappes visent, selon l'armée, des dépôts d'armes du Hezbollah cachés sous "des immeubles de la banlieue sud de Beyrouth". Elle avait peu avant appelé la population à évacuer le secteur.
Elle avait indiqué plus tôt avoir bombardé dans ce secteur, fief du mouvement islamiste libanais, son "quartier général".
Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, était visé par cette frappe, selon plusieurs télévisions israéliennes. Une source proche de la formation islamiste a indiqué qu'il était indemne.
L'armée israélienne a en revanche affirmé samedi sur Telegram avoir tué dans une autre attaque aérienne le commandant de l'unité des missiles du mouvement, Mohammed Ali Ismaïl, ainsi que son adjoint Hossein Ahmed Ismaïl, dans le sud du Liban. "D'autres commandants du Hezbollah et terroristes ont été éliminés en même temps qu'eux", a-t-elle ajouté.
L'armée israélienne avait indiqué plus tôt dans la nuit que son aviation survolait les environs de l'aéroport de la capitale, pour empêcher l'Iran d'y faire atterrir des cargaisons d'armes destinées au Hezbollah. Elle avait aussi dit mener des frappes contre des cibles du Hezbollah dans la région de Tyr, dans le sud du Liban.
Le raid sur Beyrouth, à 15H30 GMT, particulièrement violent sur un quartier densément peuplé, a fait deux morts et 76 blessés, selon un premier bilan du ministère libanais de la Santé.
Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits dans le secteur, soulevé par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.
Le mouvement islamiste libanais a démenti des "allégations" d'Israël sur la présence de dépôts d'armes dans les bâtiments civils de la zone.
En début de soirée, des secouristes, aidés de pelleteuses, fouillaient des monceaux de décombres fumants, au pied de bâtiments résidentiels.
"Oh mon Dieu, quelles frappes ! J'ai cru que l'immeuble allait s'écrouler sur moi (...) Je n'ai pas les mots pour décrire ce sentiment", s'exclame Abir Hammoud, une enseignante d'une quarantaine d'années.
Le Hezbollah a affirmé avoir tiré "en réponse" des "salves de roquettes" sur la localité de Safed, dans le nord d'Israël, dont l'une a touché une maison, selon l'armée israélienne.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exhorté les deux parties à "cesser de tirer" et le président Joe Biden "demandé au Pentagone d'évaluer et d'ajuster si nécessaire la présence militaire américaine" au Moyen-Orient, selon la Maison Blanche.
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a dénoncé une "guerre génocidaire" menée par Israël.
"L'onde de choc" provoquée par la guerre à Gaza menace de pousser tout le Proche-Orient "dans l'abîme", s'est alarmé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Le président iranien Massoud Pezeshkian a lui dénoncé un "crime de guerre flagrant", l'ambassade d'Iran au Liban, menaçant les auteurs de ce "massacre" d'un "juste châtiment".
Le Proche-Orient est au bord d'une "guerre totale", a de son côté mis en garde à l'ONU le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
- "Pas d'autre choix" -
"Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", avait affirmé à l'ONU le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a ajouté M. Netanyahu, douchant les espoirs d'une trêve proposée mercredi par la France et les Etats-Unis.
Depuis lundi, ces bombardements ont fait plus de 700 morts, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.
L'armée israélienne a également dit se préparer à une possible incursion terrestre, qui serait "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité.
L'armée israélienne a lancé ses frappes après près d'un an d'échanges de tirs avec le Hezbollah, qui a ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par son allié du Hamas.
Le Hezbollah a juré de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".
- "Rythme effrayant " -
Plus de 1.500 personnes ont depuis été tuées au Liban, selon Beyrouth, un bilan plus lourd que celui des 33 jours de guerre entre Israël et la formation libanaise en 2006.
L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués depuis l'intensification des bombardements israéliens cette semaine.
Plus tôt dans la journée, le Hezbollah a tiré des roquettes visant notamment la baie d'Haïfa -- la grande ville du nord d'Israël -- qui abrite de nombreuses industries de défense.
Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana.
En une semaine, 118.000 personnes ont été jetées sur les routes au Liban, selon l'ONU.
Israël, qui a ainsi déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, affirme agir pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants du nord qui ont fui les tirs du Hezbollah.
A Gaza, "nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé M. Netanyahu à la tribune de l'ONU.
Le Hamas a accusé en retour le dirigeant israélien de poursuivre "cycle de crimes pour inclure (le) Liban". Il a aussi "condamné fermement" la frappe israélienne sur le QG du Hezbollah.
Dans le petit territoire palestinien assiégé, Israël poursuit son offensive, lancée en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive y a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, provoquant un désastre humanitaire.