Procès du RN: le garde du corps, la cheffe de cabinet, les historiques... qui sont les prévenus jugés au côté de Marine Le Pen

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La cheffe de file du Rassemblement national Marine Le Pen est jugée à partir de lundi et jusqu'au 27 novembre au côté de 24 autres personnes et de son parti. Cadres historiques, garde du corps, secrétaire, comptables... voici le profil de ses coprévenus.

- Les eurodéputés -

Au total, neuf anciens députés européens (dont Marine Le Pen) sont accusés d'avoir embauché et payé des assistants parlementaires qui n'auraient en réalité pas travaillé pour eux mais pour le parti. Ils sont jugés pour détournement de fonds publics.

. Louis Aliot, 55 ans

Vice-président du RN et maire de Perpignan, il est une figure historique du Front national (rebaptisé RN en 2018) où il est entré à 19 ans après avoir assisté à un meeting de Jean-Marie Le Pen. Ex-compagnon de Marine Le Pen, avec laquelle il a prôné la "dédiabolisation" du parti, il est l'un rares historiques du FN des années 80-90 à occuper une haute fonction au RN.

. Marie-Christine Arnautu, 71 ans

Autre historique du parti, elle en a été l'une des vice-présidentes. Ancienne conseillère municipale à Nice, elle est aujourd'hui retraitée.

. Nicolas Bay, 46 ans

Secrétaire général du FN (2014-2017), puis vice-président du parti (2017-2018), il avait commencé en tant que soutien de Bruno Mégret, adversaire politique des Le Pen, avant de grimper les rangs du FN. Sur une ligne plus conservatrice que Marine Le Pen, les rapports entre les deux responsables se sont détériorés, puis rompus en 2022, lorsque Nicolas Bay a fait le pari de rejoindre Eric Zemmour. Il était vice-président du groupe Identité et démocratie au Parlement européen.

. Bruno Gollnisch, 74 ans

Ultra-loyal à Jean-Marie Le Pen et figure historique du FN, il était perçu comme dauphin potentiel du patriarche du parti avant l'émergence de Marine Le Pen. Sa ligne politique de l'époque se heurte à la "dédiabolisation" lancée par Marine Le Pen et il échoue face à elle dans la course à la présidence du parti en 2011. Il a été condamné après des propos sur la Shoah en 2004 pour "contestation de crimes contre l'humanité", avant que cette décision ne soit annulée par la Cour de cassation. S'il n'est plus sur le devant de la scène aujourd'hui, il est toujours membre du Conseil national du parti.

Comparaitront également les ex-eurodéputés Marie-Christine Boutonnet (75 ans), Fernand Le Rachinel (82 ans) Dominique Bilde (71 ans) et Mylène Troszczynski (52 ans)

- Les assistants parlementaires -

Douze personnes sont soupçonnées d'avoir bénéficié d'emplois fictifs d'assistants parlementaires alors qu'elles ne travaillaient selon l'accusation en réalité que pour le FN à des fonctions bien éloignées. Elles seront jugées pour recel de détournement de fonds publics.

. Catherine Griset, 52 ans

Cheffe de cabinet et très proche de Marine Le Pen. Elle était son assistante personnelle et leurs bureaux étaient mitoyens au siège du FN. Parallèlement, elle a bénéficié à partir de 2008 de cinq contrats successifs d'assistante parlementaire de Marine Le Pen quand elle était députée européenne. Mais la justice ne lui reproche que son emploi en tant qu'assistante parlementaire accréditée entre 2010 et 2016, considérant qu'elle n'était pas basée auprès des instances européennes comme elle aurait dû l'être.

. Thierry Légier, 59 ans

Crâne chauve, bouche pincée, le garde du corps est le visage - et physique - historique à l'arrière-plan des déplacements de Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen, puis plus tard également Jordan Bardella. Ancien militaire, ancien militant de l'Action française, il a écrit un livre sur son expérience, "Mission Le Pen". En 2020, il s'était lancé en politique et était devenu conseiller régional de Haute-Normandie. Il a en même temps été employé comme assistant parlementaire pendant plusieurs années.

. Julien Odoul, 39 ans

Député de l'Yonne depuis 2022, il est l'un des visages du RN sur les plateaux télé où il est très régulièrement invité. Porte-parole du parti, hyperactif sur les réseaux sociaux, non sans susciter de vives polémiques, il est passé par le PS, le centre et l'UDI avant de rejoindre le Front national en 2014. Son statut de prévenu dans ce procès ne l'a pas empêché d'être promu mi-septembre co-directeur de la campagne des prochaines élections législatives.

. Yann Le Pen, 60 ans, soeur de Marine Le Pen et mère de Marion Maréchal, très discrète dans les médias, elle s'occupait de la cellule évènement, puis des grandes manifestations du parti, en même temps qu'elle était assistante parlementaire de Bruno Gollnisch.

. Timothée Houssin, 36 ans, député depuis 2022 dans l'Eure, proche de Nicolas Bay dont il était l'assistant parlementaire au Parlement européen en 2014-2015 - et chargé du suivi des élections départementales en France pour le parti.

Comparaitront aussi Micheline Bruna (74 ans), Gérald Gérin (50 ans) et Guillaume L'Huillier (48 ans), qui étaient respectivement secrétaire particulière, assistant personnel et directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, Charles Hourcade (49 ans), graphiste au parti, Jeanne Pavard (40 ans), aux contentieux électoraux selon l'organigramme, Laurent Salles (54 ans) qui travaillait sur les grandes manifestations du parti, et Loup Viallet (34 ans) du pôle veille et prospective.

- Le trésorier, la "cheville ouvrière" et les experts-comptables -

Ils sont soupçonnés d'avoir oeuvré à la mise en place du "système", de l'intérieur ou l'extérieur du parti. Ils seront jugés pour complicité de détournement de fonds publics.

. Wallerand de Saint-Just, 74 ans

Longtemps avocat en chef du FN, catholique traditionaliste, il est un historique du parti depuis 1987 et en était le trésorier au moment des faits reprochés. Il assure ne pas avoir eu connaissance du fonctionnement de la gestion des contrats d'assistants parlementaires alors qu'il prenait part aux échanges concernant la répartition des enveloppes des eurodéputés et notait des "payés autrement" dans ses tableaux de salariés du parti dès 2009.

. Charles Van Houtte, 58 ans

"Cheville ouvrière" au "coeur du système", il s'était vu, selon l'accusation, confier par Marine Le Pen la mission d'assurer une gestion centralisée des contrats d'assistants parlementaires, notamment des ajustements en fonction des fonds disponibles dans les enveloppes des eurodéputés.

Deux experts-comptables de cabinets externes, embauchés l'un après l'autre en tant que tiers-payants par le parti, seront également jugés. Ce sont eux qui rédigeaient les contrats, préparaient les bulletins de salaires et demandaient au Parlement européen la prise en charge financière des assistants parlementaires.

sac-mdh/mat

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