Les forces gouvernementales sud-soudanaises et leurs combattants alliés ont perpétré d’innombrables meurtres et viols, ont incendié et pillé des propriétés appartenant à des civils lors d’une offensive militaire menée plus tôt cette année, affirme Human Rights Watch. Selon l’organisation, les attaques délibérées contre des civils ou des propriétés civils constituent des crimes de guerre.
« Les forces pro-gouvernementales ont commis des meurtres horribles et des viols systématiques, et ont incendié d'innombrables habitations alors qu'elles déferlaient à travers de vastes étendues dans l'État d'Unité », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Cette offensive dévastatrice dans l'État d'Unité est le dernier épisode en date d'un conflit qui se caractérise par un mépris choquant pour la vie des populations civiles. »
Le rapport intitulé « They Burned it All : Destruction of Villages, Killings, and Sexual Violence in South Sudan’s Unity State » détaille d’atroces abus contre des civils durant une offensive menée d’avril à juin 2015, afin de reprendre l’Etat d’Unité, très riche en pétrole et contrôlé auparavant par les forces rebelles. Ce rapport se base sur plus de 170 interviews de survivants et de témoins, réalisées entre juin et juillet.
Human Rights Watch affirme qu’il documente une soixantaine d’assassinats d’enfants, de femmes et d’hommes – y compris des personnes âgées. « Certains ont été pendus, d’autres abattus d’une balle. D’autres encore ont été brûlés vivants. Certaines victimes ont été pendues, d'autres tuées par balles et d'autres encore ont été brûlées vives. Les personnes interrogées ont été sélectionnées au hasard et le nombre des cas documentés par Human Rights Watch ne représente presque certainement qu'une fraction du total », dit l’organisation.
L’organisation basée aux Etats-Unis assure également que ce rapport relève « 63 cas de viol, y compris des viols collectifs lors desquels des femmes ont été violées par de nombreux combattants. Les militaires pro-gouvernementaux et les combattants Bul ont fréquemment battu ces femmes, parfois à plusieurs reprises, et les ont menacées de mort. De nombreuses femmes et enfants ont été forcés à transporter des biens provenant de pillages vers le pays Bul Nuer, parfois pendant des jours. D'autres femmes et filles ont été enlevées et emmenées elles-mêmes comme butin. »
Parmi ses recommandations, Human Rights Watch appelle le Conseil de Sécurité de l’ONU à « élargir le champ des sanctions individuelles ciblées pour y inclure les commandants et les autres personnes responsables des graves crimes commis lors de l'offensive dans l'État d'Unité, et imposer un embargo sur les armes à destination des parties au conflit afin d'aider à endiguer les attaques contre les civils ».
« Le Conseil de sécurité devrait également promouvoir un moyen d'améliorer la détermination des responsabilités, tel que la création d'un tribunal hybride composé de magistrats et d'avocats sud-soudanais et internationaux pour enquêter sur les crimes les plus graves et poursuivre leurs responsables en justice, ou l'ouverture d'une enquête par la Cour pénale internationale (CPI), voire les deux à la fois », dit Human Rights Watch. « L'Union africaine, les gouvernements régionaux et les partenaires clés du Soudan du Sud comme les États-Unis, devraient apporter leur soutien à de telles idées ».
Le conflit au Sud-Soudan a débuté en décembre 2013, déclenché par un affrontement armé entre les forces fidèles au président Salva Kiir et celles soutenant l’ex- vice-président Rick Machar. Le conflit a été marqué par des meurtres de civils, en raison de leur ethnicité ou de leurs allégeances supposées. Près de deux millions de personnes ont dû fuir leurs habitations.