Une frappe israélienne sur la bande de Gaza a fait 28 morts jeudi, selon les secouristes, dans une école abritant des familles palestiniennes déplacées, tandis que l'armée a annoncé avoir visé un centre de commandement du Hamas.
Au Liban, où l'armée israélienne poursuit aussi ses frappes aériennes et incursions terrestres contre le Hezbollah, allié du Hamas, la force de l'ONU (Finul) déployée entre les deux pays a indiqué jeudi qu'un char israélien avait tiré sur son QG dans le sud, blessant deux Casques bleus.
La Finul a également dénoncé des tirs sur une autre de ses positions dans la région, et des tirs israéliens "délibérés" la veille sur deux sites, au moment où les relations entre Israël et l'ONU sont au plus bas.
Rome a dénoncé un acte "intolérable" et convoqué jeudi l'ambassadeur d'Israël. La France a pour sa part annoncé convoquer avec l'Italie une réunion des pays européens contributeurs à la Finul pour la semaine prochaine.
Israël a déplacé en septembre le coeur de ses opérations militaires vers le Liban, mettant à profit l'affaiblissement du Hamas après un an de guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.
Mais depuis cette semaine, l'armée israélienne intensifie à nouveau ses frappes et opérations au sol à Gaza, où le Croissant-Rouge palestinien a annoncé jeudi la mort de 28 personnes dans une frappe sur l'école Rafidah à Deir el-Balah, dans le centre du territoire assiégé, qui a fait aussi 54 blessés.
- "Arrêtez la guerre" -
"Un missile a visé le centre d'hébergement qui accueille les personnes déplacées. Il y avait des débris et des restes d'enfants", décrit un témoin, Ahmed al-Mashharwawi. "Mettez fin à la guerre!", implore-t-il.
L'armée israélienne a affirmé avoir mené une frappe aérienne "précise" sur des "terroristes" opérant "dans des bâtiments ayant servi auparavant" d'école.
Cette attaque est la dernière en date d'une longue série sur des écoles servant de centres d'hébergement pour les Palestiniens déplacés par la guerre qui fait rage dans la bande de Gaza depuis un an.
La Commission d'enquête indépendante internationale des Nations unies, évoquant des "crimes contre l'humanité", a pour sa part accusé jeudi Israël de viser délibérément les installations de santé de Gaza.
L'armée israélienne encercle et bombarde depuis dimanche le secteur de Jabalia, dans le nord, affirmant que le Hamas cherche à y reconstituer ses capacités. Au moins 400.000 personnes sont prises en étau dans la zone, selon l'ONU.
L'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
La guerre à Gaza a réduit en ruines des secteurs entiers du petit territoire assiégé et déplacé la quasi-totalité de ses 2,4 millions d'habitants.
Au moins 42.065 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
- Mise en garde américaine -
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé les Libanais à "libérer leur pays" du Hezbollah, à la fois puissant parti politique et milice armée, avertissant que le Liban pourrait subir le même sort que Gaza.
En réponse, les Etats-Unis l'ont mis en garde contre toute offensive au Liban qui "ressemblerait" à Gaza.
Israël cherche à éloigner le Hezbollah des zones frontalières et faire cesser ses tirs de roquettes, quotidiens depuis un an, pour permettre le retour dans le nord d'Israël des quelque 60.000 habitants déplacés.
En dépit de la mort de plusieurs de ses chefs, dont son numéro un Hassan Nasrallah, dans des frappes israéliennes, le Hezbollah affirme résister aux troupes israéliennes.
Jeudi, il a annoncé avoir "détruit un char israélien" vers la localité libanaise de Ras Naqoura, sur la frontière, et revendiqué "une énorme salve de roquettes" vers Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël.
- "Une des périodes les plus meurtrières" -
Israël poursuit aussi ses frappes aériennes, notamment sur la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du mouvement libanais pro-iranien, dévastant des quartiers entiers.
Jeudi, un nuage de fumée s'élevait aux abords de la ville côtière de Tyr, proche de la frontière, selon des images de l'AFP. L'agence de presse libanaise ANI a signalé des frappes dans le sud et l'est.
L'armée, qui a lancé des opérations terrestres dites "limitées" le 30 septembre contre le Hezbollah dans le sud du pays a dit avoir visé depuis la veille "plus de 110 cibles" du mouvement.
Depuis octobre 2023, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban, dont près de 1.200 depuis les premiers bombardements massifs israéliens le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
Le coordinateur de la branche humanitaire de l'ONU, missionné sur le Liban, Imran Riza, a indiqué à New York que le pays faisait face à "l'une des périodes les plus meurtrières" de son histoire. Il a évalué à 600.000 le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du Liban, dont plus de la moitié sont des enfants.
Lors d'un entretien téléphonique mercredi, le président américain Joe Biden a demandé à Benjamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact" sur les civils au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en "affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah".
Les deux dirigeants ont également évoqué le projet d'Israël de frapper l'Iran, en réponse à l'attaque de missiles lancée par Téhéran contre le territoire israélien le 1er octobre. Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a promis une riposte "mortelle, précise et surprenante".