Le Nobel de la paix est attribué ce vendredi avec pour toile de fond une litanie de guerres, de l'Ukraine au Proche-Orient, peut-être une occasion de récompenser des garants d'un ordre mondial malmené comme la Cour internationale de justice, l'Unrwa ou Antonio Guterres.
Point d'orgue de la saison Nobel, le prix de la paix sera décerné à 11H00 (09H00 GMT) à l'Institut Nobel d'Oslo.
Le tableau est sombre avec les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, la famine au Soudan et un péril climatique omniprésent.
Selon l'Uppsala Conflict Data Program, la planète comptait 59 conflits armés en 2023, soit près du double de leur nombre en 2009.
Si certains experts y voient une raison de ne pas décerner de prix de la paix cette année comme cela a été fait à 19 reprises dans son histoire, le comité Nobel norvégien estime qu'un tel contexte rend au contraire son attribution "peut-être plus importante que jamais".
"C'est difficile d'être optimiste quand on regarde autour de soi dans le monde aujourd'hui. Les forces de paix ne semblent pas à l'offensive", a affirmé à l'AFP le secrétaire du comité Nobel, Olav Njølstad.
"Mais (...) il y a indéniablement des personnes et des organisations qui font un excellent travail", a-t-il souligné.
- Trump et Musk en lice -
Selon les observateurs, les cinq membres du comité Nobel pourraient saisir l'opportunité pour souligner l'importance de respecter l'ordre mondial.
La Cour internationale de justice (CIJ), l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pourraient ainsi être auréolés pour leur rôle ou leur position face à la guerre déclenchée par la Russie contre l'Ukraine et/ou celle entre Israël et les islamistes du Hamas.
La première a, en vain, ordonné à Moscou de cesser immédiatement son offensive et à Israël de suspendre ses opérations militaires à Rafah, la seconde, décriée par les autorités israéliennes, vient en aide à des millions de Palestiniens, et le troisième multiplie, entre autres, les appels au cessez-le-feu.
La Cour pénale internationale, la campagne contre les robots tueurs, le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'Homme (BIDDH), l'initiative Emergency Response Rooms au Soudan et l'Afghane Mahbouba Seraj figurent aussi parmi les Nobélisables selon les experts.
Le comité Nobel avait le choix entre 286 candidatures cette année. Leur identité est tenue secrète pendant 50 ans, mais la personne ayant parrainé un candidat peut annoncer son geste publiquement.
L'ex-président américain Donald Trump, le milliardaire Elon Musk, le pape François, l'ex-chef de l'Otan Jens Stoltenberg, le fondateur australien de WikiLeaks Julian Assange, le naturaliste britannique David Attenborough ou encore Reporters sans frontières ont ainsi été proposés.
Sans pour autant que cela fasse d'eux des favoris.
- Encore l'année des hommes -
Le prix de la paix est le seul Nobel remis à Oslo, ceux des autres disciplines l'étant à Stockholm.
L'an dernier, il était allé à la militante iranienne Narges Mohammadi, emprisonnée dans son pays, pour son combat contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.
La saison Nobel a pour l'instant, comme souvent, fait la part belle aux hommes anglo-saxons avec sept Nord-Américains ou Britanniques récompensés, mais aussi à l'intelligence artificielle (IA).
Lundi, le prix de médecine a été décerné aux Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN, nouvelle classe de molécule ARN minuscule.
Le lendemain, celui de physique a récompensé le Britanno-canadien Geoffrey Hinton et l'Américain John Hopfield qui, tout en travaillant sur l'"apprentissage automatique" crucial pour le développement de l'IA, sonnent l'alarme sur cette technologie susceptible, selon eux, de devenir incontrôlable.
Le Nobel de chimie a été attribué mercredi à l'Américain David Baker et à un duo formé par un autre Américain, John Jumper, et le Britannique Demis Hassabis pour avoir percé les secrets des protéines, en s'appuyant sur l'IA et l'informatique.
Seule touche féminine et non-occidentale jusqu'à présent, l'autrice sud-coréenne Han Kang s'est vu décerner le Nobel de littérature jeudi.
Comme à l'accoutumée, le prix d'économie, ajouté en 1969 aux Nobel d'origine, fermera le bal lundi prochain.
Les Nobel, qui consistent en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (environ 970.000 euros), seront formellement remis le 10 décembre.