Des élections libres en Birmanie sont actuellement "impossibles à imaginer", a estimé vendredi une haute diplomate américaine, quelques jours après que le chef de la junte a réaffirmé sa volonté d'en organiser.
L'armée a pris le pouvoir via un coup d'Etat en Birmanie le 1er février 2021 après avoir affirmé qu'il y avait eu fraude électorale. Elle a mené ensuite une vague campagne de répression contre toute dissidence, déclenchant une guerre civile dans le pays.
Le conflit a tué plus de 5.300 civils et provoqué le déplacement de plus de 3,3 millions de personnes, selon l'ONU.
L'armée a assuré qu'elle organiserait des élections, probablement l'année prochaine, bien qu'elle soit aux prises dans des combats toujours plus violents avec des rébellions issues de l'opposition politique et de minorités ethniques et qu'elle ait perdu des territoires entiers.
Il est actuellement "impossible d'imaginer la tenue d'élections libres" en Birmanie, a affirmé à la presse Beth Van Schaack, ambassadrice itinérante des Etats-Unis pour la justice pénale mondiale, qui conseille le gouvernement américain sur les réponses à apporter aux crimes de guerre, contre l'humanité et aux génocides.
Tout scrutin serait "simplement une élection qui les ramènerait au pouvoir", a-t-elle déclaré, en faisant référence aux militaires.
Avec des affrontements dans presque toutes les régions du pays, "il est difficile d'imaginer, ne serait-ce que sur le plan logistique, comment on pourrait organiser une élection, et encore moins le faire d'une manière qui soit juste", a-t-elle ajouté.
Selon les médias d'Etat mercredi, le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a "clairement réaffirmé" l'intention des militaires d'organiser des élections.
L'armée a repoussé à plusieurs reprises le calendrier.
Les responsables de la junte procèdent actuellement à un recensement national, considéré comme une condition préalable à tout nouveau scrutin.
Le parti très populaire d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, a été dissous l'année dernière par la commission électorale composée de membres de la junte.
En août, Pékin a affirmé soutenir le projet de l'armée d'organiser de nouvelles élections et de faire entrer le pays dans une "transition démocratique".
La guerre civile en Birmanie a dominé jeudi les discussions au sommet annuel de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) à Ventiane, au Laos.
Les dirigeants de l'Asean ont déploré l'avancée "largement insuffisante" des discussions pour rétablir la paix, selon un projet de déclaration commune consulté jeudi par l'AFP.