Soudan: plus de 50 personnes tuées en deux jours, selon des groupes prodémocratie

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Des militants soudanais ont fait état mardi de la mort de plus de 50 personnes depuis le début dimanche de combats violents entre l'armée et les paramilitaires dans le centre du Soudan.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, et l'armée menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays.

Dans la ville de Wad Madani, une frappe aérienne de l'armée sur une mosquée a tué au moins 31 personnes dimanche, a déclaré mardi dans un communiqué transmis à l'AFP le Comité de résistance local, un groupe prodémocratie qui organise l'entraide entre habitants.

L'attaque s'est produite "après les prières du soir" dans cette localité située dans l'Etat d'Al-Jazira, au sud de Khartoum, a indiqué le Comité, accusant l'armée d'avoir utilisé des barils remplis d'explosifs.

Plus de la moitié des victimes n'ont pas été identifiées, les secouristes s'efforçant d'identifier "des dizaines de restes de corps carbonisés et mutilés", a précisé la même source.

Le Comité de résistance de la ville de Rufaa, située à 50 kilomètres au nord de Wad Madani, dans l'est de l'Etat d'Al-Jazira, a affirmé de son côté qu'au moins 20 personnes avaient été tuées dans des attaques des paramilitaires dans plusieurs villages du secteur depuis dimanche.

- "Attaques vengeresses" -

L'Etat agricole d'Al-Jazira est sous le contrôle des paramilitaires depuis fin 2023.

Dimanche, l'armée a annoncé que le commandant des FSR à Al-Jazira, Abou Aqla Kaykal, avait abandonné les paramilitaires, "un grand nombre de ses forces" rejoignant le camp adverse, dans ce qu'elle a qualifié de première défection de haut niveau au sein des FSR.

Un porte-parole du général Abdel Fattah al-Burhane a déclaré que M. Kaykal et les autres personnes l'ayant suivi bénéficieraient d'une "amnistie".

Mardi, les FSR ont "repoussé une tentative de l'armée" de reprendre la ville de Tamboul, à 75 kilomètres au nord de Wad Madani, a déclaré à l'AFP une source paramilitaire qui a requis l'anonymat.

Selon des témoins, les paramilitaires étaient "déchaînés". Ils ont "tiré au hasard en l'air" et forcé les civils à transporter des marchandises pillées, a indiqué l'un d'eux à l'AFP sous le couvert de l'anonymat.

Dans le secteur de Rufaa, les FSR ont mené "opérations (...) contre des civils sans défense" pour se venger de la défection de M. Kaykal, a pour sa part accusé le Comité de résistance local.

Un groupe de bénévoles nommé "l'Observatoire central des droits humains" a indiqué qu'au moins sept villes et villages du secteur avaient été touchés par des "attaques vengeresses (...) en violation de tous les accords visant à protéger les civils et du droit international humanitaire".

Les belligérants ont été accusés de crimes de guerre pour avoir visé délibérément des civils et bloqué l'aide humanitaire dans ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 10 millions de personnes, selon l'ONU.