Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk, a exhorté mardi les étudiants de l'université de Dacca, au Bangladesh, initiateurs du soulèvement ayant renversé la dirigeante autocratique Sheikh Hasina, à "protéger" la démocratie et mettre fin aux représailles.
"La démocratie est l'une des idées les plus puissantes jamais imaginées par l'humanité... mais elle est également fragile - quelque chose que nous devons nourrir et protéger - en particulier dans ses premiers stades", a déclaré le Haut-commissaire de l'ONU.
"Je sais que vous êtes conscient des pièges qui ont conduit d'autres mouvements pro-démocratie dans une impasse", a-t-il ajouté.
Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté en juin contre la réintroduction de quotas pour l'accès aux emplois publics, au profit de partisans de la présidente Sheikh Hasina.
Cette décision avait suscité la colère des étudiants et plus de 700 personnes avaient été tuées lors des semaines de manifestations et de violence qui ont précédé le renversement du pouvoir.
Son régime avait été marqué par de nombreuses violations des droits humains, notamment des détentions massives et des exécutions extrajudiciaires de ses opposants politiques.
M. Türk a félicité les étudiants pour avoir "fait preuve d'un grand courage en défendant la justice et l'égalité" et s'est déclaré honoré de s'adresser à eux "à un moment charnière et dans un lieu symbolique".
Mais il les a aussi mis en garde. "Méfiez-vous de l'idée selon laquelle la fin justifie les moyens", a ajouté Türk. "Le processus par lequel vous recherchez le changement est tout aussi crucial que le résultat. Renforcer les institutions peut être plus important à long terme que de les démolir", a martelé M. Türk, qui est en visite de deux jours à Dacca pour rencontrer le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, le juge en chef, le chef de l'armée et d'autres dirigeants, a indiqué son bureau.
"Les inégalités, les cycles de vengeance, la marginalisation, la corruption et les violations flagrantes des droits humains doivent être relégués au passé", a-t-il dit.
"Il ne doit y avoir aucun retour en arrière. Le présent et l'avenir appartiennent à l'égalité, à la justice", a-t-il souligné.
Des dizaines de partisans de Hasina ont été arrêtés, tandis que la dernière localisation connue de la fugitive de 77 ans était une base aérienne militaire près de New Delhi.
"Nous ne pouvons pas permettre qu'un nouveau cercle vicieux de représailles et de vengeance se répète", a ajouté Türk.
"La quête de justice doit également aller au-delà des procès des responsables et s'attaquer aux causes profondes pour parvenir à la transformation sociale plus large à laquelle vous aspirez".
Asif Nazrul, un dirigeant étudiant étudiant de la contestation qui sert actuellement dans le gouvernement de Yunus, a déclaré que M. Turk avait interrogé des responsables gouvernementaux au sujet du Tribunal pour les crimes internationaux (TPI) du Bangladesh, qui mène les poursuites contre l'ancien régime.
Selon lui, M. Turk a demandé s'il était possible "d'abolir la peine de mort". "Je lui ai répondu que... nous ne pouvons pas simplement l'abolir alors que les procès des fascistes qui ont tué des centaines d'étudiants sont toujours en cours", a dit M. Nazrul aux journalistes.