Israël a réclamé mercredi la démission d'une experte indépendante de l'ONU Francesca Albanese qui dénonce "l'éradication des Palestiniens" de leurs terres par le "génocide", experte controversée accusée d'antisémitisme par Israël et les Etats-Unis.
"Selon sa représentation du monde remplie de haine, l'Etat d'Israël n'a aucune raison historique d'exister, aucun droit de défendre sa population, et l'attaque du 7 octobre et le sauvetage des otages ne sont qu'une excuse utilisée par Israël", a écrit l'ambassade d'Israël auprès de l'ONU à Genève, au lendemain d'un nouveau rapport de la rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
"Cette réalité déformée est un écran de fumée pour cacher sa haine envers Israël", d'après la mission israélienne, qui ne voit dans la juriste italienne qu'une "activiste politique" qui abuse de son mandat.
Selon l'experte, mandatée par le Conseil des droits de l'homme mais qui ne parle pas au nom de l'ONU, "le génocide de la population palestinienne apparaît comme le moyen de parvenir à une fin: l'expulsion complète ou l'éradication des Palestiniens de la terre à laquelle est rattachée une part si essentielle de leur identité et qui est illégalement et ouvertement convoitée par Israël".
Elle a répété mercredi devant une commission de l'Assemblée générale des Nations unies que les développements des derniers mois "consolident (son) évaluation selon laquelle Israël mène une campagne de génocide contre les Palestiniens".
"Une nouvelle fois, l'ONU a déroulé le tapis rouge pour l'une des personnalités les plus antisémites de l'Histoire moderne", a dénoncé sur X après son discours l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon, réclamant sa démission.
"Je ne veux plus entretenir ces discussions concernant les attaques contre moi, parce que (...) je ne suis pas l'histoire. L'histoire est le fait que les Palestiniens risquent d'être effacés de leur terre", s'est défendue l'experte lors d'une conférence de presse.
S'il n'est pas rare que des rapporteurs de l'ONU soient mis en cause par le pays sur lequel ils travaillent, "ce qui est frappant dans le cas d'Israël, c'est la cohorte d'Etat qui font écho à ce qu'Israël dit", a-t-elle ajouté, évoquant une "armée de laquais" seulement destinés à "distraire l'attention".
Israël n'est pas seul à critiquer Mme Albanese.
Cette semaine sur X, l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield a jugé l'experte "inapte à son rôle". "Les Nations unies ne devraient pas tolérer l'antisémitisme d'une responsable affiliée à l'ONU engagée pour promouvoir les droits humains", a-t-elle ajouté.
Pas surprenant pour Mme Albanese qui a dénoncé le "conflit d'intérêt" des Etats-Unis, alliés d'Israël.
L'expert, qui occupe son poste depuis 2022, fait depuis longtemps l'objet de critiques virulentes, d'accusations d'antisémitisme et de demandes de destitution de la part d'Israël et de certains de ses alliés, en raison de ses critiques incessantes et de ses accusations de "génocide".
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le territoire israélien, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a tué 43.163 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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