Un tribunal de paix colombien a inculpé six anciens haut dirigeants de la défunte guérilla marxiste des FARC pour des crimes commis au plus fort du conflit contre des milliers d'enfants, notamment des recrutements forcés et des violences sexuelles, a-t-on appris auprès de cette juridiction.
Issue de l'accord de paix de 2016 qui avait abouti au désarmement des Forces armées révolutionnaires de Colombie et leur transformation en un parti politique légal, la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) a estimé que les accusés sont les "principaux responsables" du recrutement de 18.000 enfants entre 1971 et 2016, la plupart d'entre eux indigènes ou afro-descendants, en plus d'autres crimes.
Ces enfants "ont été privés de leur innocence, de leur enfance, de leur éducation, de leurs jeux et de leurs rêves", a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse le président de la JEP, Alejandro Ramelli.
Parmi les accusés figurent le dernier commandant des FARC et actuel président du parti de gauche Comunes, Rodrigo Londoño, le député Julian Gallo et Milton de Jesus Toncel, recherché par les États-Unis pour trafic de drogue.
Chargé d'enquêter sur les pires crimes commis pendant le conflit colombien, la JEP est chargé de juger ces crimes et propose des peines alternatives à la prison à ceux qui avouent leurs actes et dédommagent les victimes.
La Cour a déjà inculpé des dirigeants des FARC pour des centaines d'enlèvements et des ex-militaires pour des assassinats de civils, mais n'a pas encore prononcé sa première condamnation. En mars 2023, la JEP avait déjà inculpé des commandants de niveau intermédiaire des ex-FARC pour avoir recruté des mineurs.
Selon la JEP, au moins 135 mineurs ont été victimes de violences sexuelles. Les anciens commandants de haut rang sont tenus responsables d'omission et non de responsabilité "matérielle directe".
Elle les tient également responsables de "crimes de guerre de torture, de viol et d'esclavage sexuel", a ajouté la magistrate Lily Rueda, des cas de mauvais traitements, de torture et d'assassinats d'enfants ayant été relevés dans les rangs de ce qui était autrefois la guérilla la plus puissante d'Amérique latine.
Bien que le recrutement d'enfants de moins de 15 ans était prétendument interdit au sein des FARC, la Cour a trouvé des preuves d'un "phénomène systématique, ni isolé, ni sporadique".
Près d'un tiers des victimes du recrutement forcé sont toujours portées disparues.
Rodrigo Londoño a reconnu sur X les "conduites" relevées par la JEP, évoquant un "chemin vers la non-répétition et la réconciliation". "Ces événements n'auraient pas dû se produire", a-t-il assuré.