L'ancien chef de la police sous le régime déchu de Sheikh Hasina au Bangladesh a comparu mercredi devant un tribunal de Dacca pour les "atrocités", selon l'accusation, commises lors de la répression des émeutes de l'été dernier.
L'ex-Inspecteur général de la police Chowdhury Abdullah Al Mamun est poursuivi pour massacres, génocide et crimes contre l'humanité, a précisé le procureur Mohammad Tajul Islam devant le tribunal pénal international (ICT) du Bangladesh.
Il a été présenté devant le tribunal avec sept autres officiers, dont le général Ziaul Ahsan, qui a dirigé le Bataillon d'action rapide (RAB), une unité paramilitaire, l'agence nationale de renseignement et le centre de surveillance des télécommunications.
Sheikh Hasina s'est enfuie le 5 août dernier de son palais et s'est exilée en Inde, après plusieurs semaines de manifestations qui ont fait, selon un bilan provisoire de l'ONU, au moins 700 morts.
Agée de 77 ans, elle a régné d'une main de fer sur le Bangladesh (1996-2001 puis 2009-2024), accusée d'avoir fait exécuter, enlever ou emprisonner de centaines d'adversaires politiques dans un centre de détention tenu secret.
"L'ancien inspecteur général (de la police) est le commandant responsable des atrocités commises contre les manifestants étudiants" à l'initiative de la contestation, a détaillé aux journalistes le procureur Tajul à l'issue de l'audience.
Il a estimé que la répression avait causé "environ 2.000 morts et des milliers de mutilés".
Le magistrat a également énuméré les crimes reprochés au général Ahsan qui, a-t-il dit, "ne peut être comparé qu'aux bouchers de Serbie Ratko Mladic et Radovan Karadzic".
Les anciens chefs militaire et politique des Serbes de Bosnie ont été condamnés à la prison à vie pour génocide et crimes contre l'humanité commis pendant la guerre dans l'ex-Yougoslavie.
Devant le tribunal, le général à la retraite a nié les accusations portées contre lui. "Je n'étais pas responsable du centre de détention secret et je n'ai jamais fait surveiller personne", a-t-il affirmé.
Les autres officiers de police comparaissaient mercredi pour avoir tué des manifestants et brûlé leur corps. Ils n'ont pas été interrogés.
L'un d'entre eux, l'ancien chef d'un commissariat de Dacca, a pris la parole pour implorer la clémence de ses juges. "J'ai soutenu les manifestations, s'il vous plaît épargnez-moi !"
Onze anciens ministres ou hauts fonctionnaires du régime de Sheikh Hasina, dont la justice bangladaise a demandé l'extradition, ont comparu lundi devant le même tribunal sous les mêmes accusations.