Berlin a promis vendredi un "examen consciencieux" des suites à donner aux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense, sans dire à ce stade si l'Allemagne en appliquerait les décisions.
"Nous examinerons consciencieusement" les mesures à prendre, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, dans un communiqué.
Il y souligne que "l'Allemagne a participé à l'élaboration du statut de la CPI et est l'un des plus grands soutiens de la CPI".
Mais la position allemande, souligne M. Hebestreit, "est également le résultat de l'histoire allemande" marquée par la Shoah, l'extermination systématique des juifs sous le totalitarisme nazi.
En "conséquence", l'Allemagne a "des relations uniques et une grande responsabilité avec Israël", ajoute le porte-parole.
Le gouvernement allemand tiendra compte de "ces deux conditions" pour déterminer l'attitude à tenir.
Une éventuelle arrestation reste "théorique", le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant ne se trouvant pas en Allemagne "pour le moment", a de son côté souligné la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dans un entretien à la télévision publique ARD.
La CPI a provoqué la fureur d'Israël en émettant jeudi des mandats d'arrêt sans précédent contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Un autre mandat de la CPI pour les mêmes motifs vise Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas dont l'attaque sanglante le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a été suivie d'une offensive militaire dans la bande de Gaza, ravagée par des bombardements massifs depuis.
Berlin, qui a augmenté récemment ses livraisons d'armes à Israël, cherche un équilibre de plus en plus difficile à trouver entre son soutien historique à Israël et ses appels au respect du droit international dans le conflit au Proche-Orient qui fait rage dans la bande de Gaza et s'est étendu au Liban.
Jeudi, Josep Borrell avait affirmé que les mandats d'arrêt devaient être "respectés et appliqués", même si certains pays membres de l'Union européenne les ont critiqués.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, a annoncé vendredi inviter Benjamin Netanyahu pour "défier" la décision de la CPI.
Le président américain Joe Biden a lui jugé "scandaleux" ces mandats d'arrêt qui induisent selon lui une "équivalence" entre le Hamas et Israël, à qui il a réitéré son soutien.
Ni les Etats-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.
Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.