24.11.11 - CPI/LIBYE - LE PROCUREUR DE LA CPI FAVORABLE A UN PROCES EN LIBYE

La Haye, 24 novembre 2011 (FH) - Au terme d'une visite de deux jours à Tripoli, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno Ocampo, affirme que la justice libyenne a « primauté » pour juger Saïf Al-Islam Kadhafi.

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« Selon les règles de la Cour pénale internationale, les autorités nationales ont primauté » pour juger Saïf Al-Islam Kadhafi, a expliqué mercredi à l'agence Hirondelle, Luis Moreno Ocampo, joint par téléphone à Tripoli. Dès l'arrestation du fils du Guide libyen dans le sud du pays, le 19 novembre, les autorités libyennes avaient déclaré  qu'elles entendaient le juger sur leur sol.

Saïf Al-Islam Kadhafi est poursuivi par la Cour pour crimes contre l'humanité commis depuis février. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis le 27 juin 2011. Dès lors, pour parvenir à juger le suspect sur son sol, Tripoli devra présenter une requête aux juges de la CPI et démontrer qu'elle a les capacités logistiques et la volonté politique de conduire un procès équitable en Libye.

Première étape, « le président du Conseil a dit qu'il enverrait une lettre aux juges », affirme le procureur qui précise que les autorités libyennes « respectent la Cour ».

Au cours des derniers jours, plusieurs organisations non gouvernementales ont émis des doutes sur les capacités de la Libye à organiser aujourd'hui des procès. « Ce sera aux juges de décider », rappelle Luis Moreno Ocampo. Engagé dans une procédure similaire depuis neuf mois, le Kenya, dont le système judiciaire est autrement plus solide, n'est pas parvenu, à ce jour, à convaincre les juges.

« Cette affaire est différente », estime cependant le procureur. « Le Kenya n'enquête pas sur les six » suspects visés par la Cour. « Ici, ils doivent conduire leur affaire contre les mêmes personnes » que celles poursuivies par la CPI. Outre Saïf Al-Islam, la Cour a aussi émis un mandat d'arrêt contre Abdullah Al-Senoussi, chef des renseignements militaires de l'ancien régime. Annoncée par un groupe militaire dimanche, son arrestation n'a cependant pas été confirmée.

Souvent critiqué pour ne pas avoir envoyé ses enquêteurs sur le terrain en Libye, le procureur s'est aussi rendu sur l'un des sites de crimes. « Je suis en route vers un endroit où les gens ont été tués, il y a deux mois » a-t-il expliqué, avant d'affirmer que son enquête se poursuit. « Nous avons une très bonne coopération avec eux et maintenant, nous pouvons nous rendre sur place, en Libye » a-t-il déclaré.

La CPI avait été saisie des crimes commis en Libye par le Conseil de sécurité des Nations unies le 26 février. La Cour avait ensuite émis trois mandats d'arrêt, dont l'un contre Mouammar Kadhafi. La chambre a officiellement fermé l'affaire le 22 novembre. Les autorités libyennes avaient transmis à la Cour le certificat de décès du Guide libyen.

Mouammar Kadhafi avait été tué le 20 octobre, lors de la prise de Syrte, sa ville natale où il s'était réfugié après la chute de Tripoli, le 23 août. Les responsables du Conseil national de transition avaient annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de sa mort.   

SM/ER/GF

©  Agence Hirondelle