"On ne peut pas les abandonner" : un ex-enfant soldat aujourd'hui ambassadeur de bonne volonté pour l'Unicef a exhorté jeudi le monde à agir pour aider les enfants dévastés par le sanglant conflit au Soudan.
Ishmael Beah, enrôlé de force par une milice en Sierra Leone lorsqu'il avait 13 ans, a rencontré cette semaine des enfants et leur famille déplacés par le conflit dans la ville soudanaise de Port Soudan, dans le cadre de sa fonction honorifique auprès de l'Unicef.
La guerre au Soudan "a déjà dévasté de nombreuses vies d'enfants", a dit à l'AFP à Nairobi ce jeune homme de 24 ans, peu après sa visite. "C'est difficile de constamment voir que ce que j'ai vécu il y a de nombreuses années est toujours en train de se produire".
Ishmael Beah rapporte en particulier le récit d'une femme qu'il a rencontrée, dont un cousin et sa femme ont été tués après avoir tentés de se défendre, laissant leur enfant orphelin. "Elle a pris l'enfant et s'est mise à courir avec lui", a-t-il poursuivi, soulignant que cette histoire n'est qu'un exemple parmi d'autres de ce que vivent les Soudanais.
"Il y a plein d'histoires de viols et de gens qui sont tués, de bombardements incessants, et de gens qui courent", a-t-il dit, évoquant pour la population "des déplacements constants, devoir marcher et surtout pour les filles, le fait de devoir ensuite affronter des checkpoints", a-t-il expliqué. "Il y a beaucoup de viols".
L'ambassadeur de l'Unicef a dit qu'il s'attendait à ce que les gens soient brisés mais "ce n'est pas ce que j'ai vu". Selon lui, de nombreux jeunes qu'il a rencontrés tiennent le coup et, via internet, veulent raconter leur histoire au monde entier.
"Le message que tous répétaient était: +Est-ce que le monde peut aider à mettre fin à la guerre ?. On s'en fiche de la manière, mais que ça s'arrête+".
La guerre en cours depuis avril 2023 entre l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane et les Force de soutien rapide (FSR, paramilitaires) de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de 11 millions de personnes, et placé le pays au bord de la famine.
Les deux camps sont accusés de crimes de guerre, de bombardements de zones résidentielles et de blocage ou de pillage de l'aide humanitaire.