Directeur de cabinet au ministère de la Défense en 1994, Bagosora a été condamné en première instance pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
Dans la même affaire, l'ancien commandant des opérations dans le secteur de Gisenyi (nord), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, et l'ancien commandant du bataillon paracommando le major Aloys Ntabakuze ont également écopé de la prison à vie tandis que le général Gratien Kabiligi, qui était chargé des opérations à l'état-major, a été acquitté et remis en liberté.
Seul Nsengyiyumva sera aux côtés de Bagosora mercredi, Ntabakuze ayant comparu seul en appel.
L'ancien directeur de cabinet a été condamné pour des crimes perpétrés par des éléments de l'armée rwandaise, du 7 au 9 avril 1994, période au cours de laquelle il était, selon ce jugement de 600 pages, la plus haute autorité militaire du Rwanda.
S'exprimant devant la chambre d'appel le 1er avril dernier, Bagosora a une nouvelle fois protesté de son innocence et nié tout contrôle sur l'armée au moment des faits.
« Je soutiens fermement que la chambre de première instance ne s'est fondée sur aucune preuve matérielle pour conclure que les massacres étaient coordonnés et que je les ai coordonnés », a-t- il clamé.
« Je reconnais qu'entre le 6 et le 9 avril 1994, j'ai remplacé le ministre de la Défense Augustin Bizimana (alors en mission à l'étranger) mais avec un pouvoir limité » par une directive ministérielle, a-t-il poursuivi.
« En tant que directeur de cabinet, je ne pouvais pas agir comme un ministre parce que je n'étais pas nanti de tous les pouvoirs ministériels », s'est-il défendu, soulignant qu'il n'expédiait que « les affaires courantes ».
La chambre d'appel a également entendu, à la demande de Bagosora, le général Marcel Gatsinzi qui fut désigné chef d'Etat-major intérimaire de l'armée dans la nuit du 6 avril 1994, en remplacement du général Deogratias Nsabimana qui venait de mourir dans l'attentat contre l'avion présidentiel.
Membre de l'actuel gouvernement rwandais, Gatsinzi qui avait refusé de témoigner en première instance, a affirmé que Bagosora lui mettait les bâtons dans les roues.
« Il me court-circuitait, donnait des ordres à des commandants d'unités qui, normalement devaient recevoir des ordres du chef d'état-major », a raconté le général.
Selon lui, Bagosora disposait d'un réseau de communication radio « parallèle » qui transmettait ses propres instructions, notamment aux commandants de la Garde présidentielle, du bataillon paracommando et du bataillon de reconnaissance. Selon de nombreux témoins, des éléments de ces trois unités d'élite se sont illustrés dans le génocide.
ER/GF
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