Chute d'Assad en Syrie: l'ONU appelle à juger les crimes du passé

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L'ONU a demandé lundi que tous les responsables d'exactions sous le "régime" de Bachar al-Assad en Syrie rendent des comptes dans le cadre d'un processus de transition politique, et appelé à protéger les minorités.

"Toute transition politique doit veiller à ce que les auteurs de violations graves répondent de leurs actes" ainsi que "les responsables", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, en conférence de presse à Genève.

"Nous devrons veiller à ce que les responsables de ces violations, qu'il s'agisse du gouvernement précédent, du président ou d'autres, mais aussi tous les autres responsables de violations soient amenés à rendre des comptes", a-t-il insisté, affirmant qu'"il y a des motifs sérieux de penser que l'ancien président et quiconque occupait un poste de premier plan ont pu commettre des atrocités".

A cet égard, il juge "impératif que toutes les preuves soient méticuleusement conservées en vue d'une utilisation à l'avenir".

Il encourage aussi "vivement" la "nouvelle Syrie" à décider "de ratifier le statut de la Cour pénale internationale" mais souligne que "la CPI ne remplace pas (...) la mise en place d'un système juridique national facilitant des procès équitables".

Le 27 novembre, une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a lancé une offensive à partir de son fief à Idleb (nord-ouest).

En dix jours, devant l'effondrement des forces gouvernementales, les rebelles ont conquis de vastes territoires et les grandes villes d'Alep (nord), Hama (centre), Deraa (sud) et Homs, avant d'entrer dans la capitale.

- "Espoir" -

Il s'agit de l'offensive la plus spectaculaire depuis le début de la guerre civile, déclenchée en 2011 après la répression sanglante de manifestations pro-démocratie et qui a fait plus de 500.000 morts.

"Toutes les mesures doivent être prises pour assurer la protection de toutes les minorités et pour éviter les représailles et les actes de vengeance", a demandé M. Türk.

"Le seul moyen d'aller de l'avant est d'avoir un processus politique national qui mette fin à la litanie de souffrances, réponde aux aspirations de tous les Syriens et garantisse la vérité, la justice, la réparation, la guérison et la réconciliation", a-t-il indiqué.

"Il est essentiel que les droits humains de tous les Syriens soient au coeur d'un tel processus, grâce à une participation significative et inclusive, notamment des femmes et des jeunes", a relevé le Haut-Commissaire, affirmant que ses services se tenaient prêts à soutenir le processus de transition.

Il considère "essentiel" de réformer "l'appareil sécuritaire" syrien et appelle à "répondre à la tragédie des personnes disparues" pendant le conflit syrien et qui sont estimées à "plus de 100.000".

Selon M. Türk, la chute d'Assad apporte l'"espoir" que la Syrie se construise un "avenir fondé sur les droits humains, la liberté et la justice".

"Il est extrêmement important à ce stade de veiller à ce que l'intégrité territoriale, la souveraineté, l'unité et l'indépendance de la Syrie soient restaurées" grâce "à un processus interne" rassemblant "tous les acteurs", y compris "les différents groupes armés" et "les institutions étatiques existantes".

"Mais il faut aussi un processus externe" de "négociations pour s'assurer que la souveraineté du pays est restaurée et que l'intégrité territoriale est rétablie".