Décision en janvier en France sur l'appel du renvoi aux assises d'une femme pour génocide sur la minorité yézidie

1 min 45Temps de lecture approximatif

La cour d'appel de Paris rendra le 22 janvier sa décision sur la tenue d'un procès pour génocide et crimes contre l'humanité sur la minorité yézidie contre une "revenante" de Syrie et ex-épouse d'un émir du groupe Etat islamique (EI), selon deux sources proches du dossier mercredi.

Sonia Mejri, 35 ans, est notamment soupçonnée d'avoir, au printemps 2015, réduit en esclavage une adolescente yézidie en Syrie, retrouvée par les enquêteurs.

Un juge d'instruction du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris a également ordonné, en septembre, qu'elle soit jugée pour complicité des viols imputés à son ex-mari, Abdelnasser Benyoucef, sur la Yézidie.

Sa défense a fait appel de cette décision, arguant que les investigations n'ont pas permis d'établir d'acte matériel de génocide, d'intention génocidaire, ni d'acte de provocation ou d'aide à commettre ces crimes.

La défense a aussi jugé les déclarations de la plaignante "évolutives et parfois incohérentes", déplorant ne pas avoir pu lui poser des questions.

Selon les sources proches, l'avocat général a requis la confirmation de l'ordonnance de mise en accusation.

"Nous attendons de la cour une motivation sérieuse car les éléments avancés par le Pnat (parquet national antiterroriste) et le juge d'instruction ne sont pas sérieux", ont réagi auprès de l'AFP Mes Nabil Boudi et Marceau Perdereau, avocats en défense.

L'avocat de la victime yézidie, Me Romain Ruiz, n'a pas souhaité s'exprimer.

Pour Inès Davau, qui représente l'association Equipes d'action contre le proxénétisme (EACP), c'est "un dossier exceptionnel" qui "traite de la place des femmes dans les conflits armés" à la fois "en tant qu'auteure présumée et victime".

Lors de l'enquête, Sonia Mejri s'est présentée comme une "femme soumise" à son mari. Il était le "propriétaire, moi, je n'avais aucun droit sur elle", la jeune Yézidie.

Lors d'un interrogatoire, elle a assuré avoir été "déçue" par l'EI, "notamment par l'esclavage des Yézidies, le fait que les Européens de Daech (acronyme arabe de l'EI) se sentaient supérieurs aux Syriens et les traitaient comme des moins que rien".

Incarcérée à son retour de Syrie, elle avait témoigné lors de procès pour des crimes terroristes.

Si son procès pour génocide est confirmé, elle sera jugée en même temps que son ex-mari Abdelnasser Benyoucef, alias "Abou Mouthana", présumé mort mais visé par un mandat d'arrêt.

Il est considéré comme l'un des créateurs de la cellule opérations extérieures de l'EI et avait déjà été condamné en son absence en France pour l'attentat avorté de Villejuif, près de Paris, de 2015.