Dans une véritable plaidoirie, Daffa-Alla Elhag Ali Osman a dénoncé un rapport « qui contredit totalement la réalité du Darfour ». Evoquant les derniers rapports des Nations unies, qui font état d'une baisse des violences au Darfour, l'ambassadeur a interrogé : « Qui devons-nous croire ? », les rapports des Nations unies, ou « les informations apportées par ce procureur dont nous ne savons pas d'où elles viennent ? ». Sans identifier les sources du procureur argentin, le diplomate a menace: « ceux qui agissent ainsi doivent répondre à leur conscience. L'histoire ne les oubliera pas ».
C'est la première fois que le Soudan répond, dans le détails, aux accusations de la Cour. Daffa-Alla Elhag Ali Osman n'a pas nié ou confirmé les crimes commis au Darfour, mais a réfuté les allégations de génocide émises par la Cour. « Il n'y a pas de génocide là-bas », a-t-il déclaré en s'appuyant sur des rapports et des déclarations émanant de plusieurs organes des Nations unies, de Médecins sans frontières, de l'Union européenne, de plusieurs négociateurs dont Jan England et Olusegun Obasanjo.
L'ambassadeur, qui a précisé que son intervention ne devait pas être interprétée comme une négociation avec la CPI, a accusé le procureur d'avoir délibérément ignoré, dans sa présentation, l'accord de paix de Doha, signé le 14 juillet 2011 entre le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la libération et la justice (MLJ).
Le représentant du Soudan a évoqué la paix au Sud Soudan, qui est devenu indépendant en juillet 2011, et demandé « comment ceux qui essaient de faire la paix depuis près de 60 ans peuvent être faussement accusés par ces personnes qui ne respectent pas le principe de l'impartialité et qui n'ont pas plus d'intégrité professionnelle ? »
Le diplomate a ensuite rappelé que « le principe de souveraineté est indivisible, que ce soit envers les superpuissances ou les petits Etats. Librement, nous n'avons pas ratifié le Statut, comme d'autres. Nous ne sommes pas liés par le Statut de Rome ».
De façon inhabituelle, le président du Conseil de sécurité a ordonné la poursuite des débats à huis clos.
La Cour a délivré trois mandats d'arrêt contre des responsables politiques au Soudan, dont le chef de l'Etat, Omar El-Béchir. Le 2 décembre, le procureur a demandé aux juges de délivrer un nouveau mandat d'arrêt contre le ministre de la Défense, Abdelrahim Mohamed Hussein.
SM/GF
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