Tortures, viols, exécutions sommaires... Depuis le début de la guerre civile en 2011, l'ancien président syrien Bachar al-Assad et son entourage ont été accusés de multiples atteintes aux droits humains et exactions.
- Photos de "César" -
En 2014, un ancien photographe de la police militaire, utilisant le pseudonyme "César", révèle au monde des photographies de corps suppliciés dans des centres de détention en Syrie, prises entre 2011 et 2013. Il s'est enfui du pays en emportant plus de 50.000 clichés effroyables.
Figés par une mort brutale, torturés, les cadavres portent tous des numéros inscrits souvent à même leur peau. Certains sont sans yeux, la plupart sont nus ou en sous-vêtements.
Ses photographies sont à l'origine d'une loi américaine baptisée "César", entrée en vigueur en 2020, qui impose des sanctions économiques contre la Syrie, et de procédures judiciaires en Europe contre d'ex-collaborateurs de Bachar al-Assad.
Le travail d'une cellule d'enquêteurs baptisée "César" a mené à l'arrestation en juillet par les autorités allemandes et suédoises de huit personnes soupçonnées de crimes contre l'humanité.
Plusieurs condamnations d'anciens hauts gradés des services de renseignement syriens ou d'ex-membres de milices gouvernementales ont été prononcées depuis 2022, en Allemagne puis aux Pays-Bas et en France.
- "Archipel de la torture" -
Human Rights Watch (HRW) avait dès 2012 parlé d'un "archipel de la torture": "recours à l'électricité", "agressions et humiliations sexuelles", "arrachage des ongles" et "simulacres d'exécutions" dans les centres de détention gouvernementaux.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) estimait en 2022 que plus de 100.000 personnes ont péri dans les prisons, notamment sous la torture, depuis 2011.
Fin 2023, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, a ordonné à la Syrie de mettre un terme à la torture et aux traitements cruels et dégradants.
- Viols -
En 2020, sept réfugiés syriens ont porté plainte en Allemagne, disant avoir été victimes ou témoins de torture et de violences sexuelles, "le viol, les électrochocs sur les parties génitales, la nudité contrainte ou l'avortement forcé", entre 2011 et 2013.
Une enquête de l'ONU avait fait état en 2018 de viols et violences sexuelles systématiques contre des civils, perpétrés par des soldats et des miliciens pro-Assad. Les rebelles ont commis des crimes similaires mais sur une échelle "considérablement moindre", selon l'enquête.
Le 25 novembre 2024, le réseau syrien des droits de l'Homme (SNHR) documentait "au moins 11.553 incidents de violence sexuelle contre des femmes, y compris des filles de moins de 18 ans", par les parties au conflit depuis mars 2011, dont 8.024 imputables au "régime syrien" et les autres principalement au groupe État islamique (EI).
- "Extermination" -
En 2016, des enquêteurs de l'ONU affirmaient que "le gouvernement est responsable d'actes qui relèvent de l'extermination et sont assimilables à un crime contre l'humanité".
Notamment à la prison de Saydnaya près de Damas, décrite en 2017 par Amnesty International comme un "abattoir humain" pratiquant une "politique d'extermination".
Peu de temps après, les États-Unis y signalaient la présence d'un "crématorium" servant à détruire les restes de milliers de prisonniers tués.
En 2022 l'OSDH rapportait qu'environ 30.000 personnes avaient été détenues à Saydnaya, certaines soumises aux pires tortures, dont seulement 6.000 avaient été relâchées.
- Armes chimiques -
En avril 2020, l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a publié un rapport accusant l'armée syrienne d'attaques à l'arme chimique sur la localité de Latamné (nord) en 2017.
En novembre 2023, la justice française a émis des mandats d'arrêt internationaux contre Bachar al-Assad, son frère Maher et deux généraux pour leur responsabilité présumée dans des attaques chimiques en août 2013 près de Damas, qui avaient fait plus de 1.000 morts selon les États-Unis.
Les forces de Assad ont également été mises en cause pour une autre attaque au gaz sarin, sur la ville rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest) en avril 2017, et accusées d'attaques au gaz de chlore.
Le clan Assad a nié recourir aux armes chimiques.
HRW avait dénoncé dès 2012 le largage par avion militaire de "bombes incendiaires" provoquant de graves brûlures. Ces armes "peuvent contenir des substances inflammables comme le napalm, la thermite ou le phosphore blanc", selon l'ONG.