Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) et leurs alliés, en guerre contre l'armée, d'avoir commis des violences sexuelles massives dans le sud du Soudan, ravagé par plus d'un an et demie de guerre civile.
"Les combattants des FSR et les milices alliées ont violé des dizaines de femmes et de filles, y compris dans le cadre de l'esclavage sexuel, dans l'État soudanais du Kordofan-Sud depuis septembre 2023", indique l'ONG dans un nouveau rapport.
"Ces violences sexuelles, qui constituent des crimes de guerre, soulignent le besoin urgent d'une action internationale significative pour protéger les civils et rendre justice", ajoute-t-elle.
HRW explique avoir documenté des dizaines de cas de femmes et fillettes, âgées de 7 à 50 ans, victimes de violences sexuelles, notamment de viols collectifs et d'esclavage sexuel, dans cet Etat où les FSR, qui combattent l'armée régulière depuis avril 2023, affrontent également les rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N).
Le Sud-Kordofan est en grande partie aux mains du SPLM-N, qui y contrôle les monts Nouba, ainsi que certaines parties d'un autre État, celui du Nil Bleu.
Selon HRW, de nombreuses victimes ont été violées collectivement chez elles ou chez des voisins, souvent devant leur famille, tandis que certaines ont été enlevées et détenues comme esclaves.
Une survivante de 35 ans de la tribu Nouba a raconté avoir été violée par six combattants des FSR qui ont pris d'assaut sa propriété familiale et tué son mari et son fils lorsqu'ils ont tenté d'intervenir.
"Ils n'arrêtaient pas de me violer, tous les six", a-t-elle déclaré.
Une autre survivante, âgée de 18 ans, a raconté avoir été emmenée en février avec 17 autres personnes dans une base militaire, où elles ont rejoint 33 autres femmes et filles détenues.
Le groupe de prisonnières aurait été enchaîné et violé quotidiennement pendant trois mois.
HRW dénonce des "graves violations du droit humanitaire", exhortant l'ONU et l'Union africaine à "agir de toute urgence pour aider les survivantes, protéger les autres femmes et filles et garantir la justice pour ces crimes odieux".
Fin novembre, le patron du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU, le Britannique Tom Fletcher, avait déjà tiré la sonnette d'alarme et mis en garde contre l'"épidémie de violences sexuelles" en cours selon lui contre les femmes dans ce pays africain, plongé dans la pire crise humanitaire.
Une mission d'enquête internationale indépendante de l'ONU pour le Soudan a également documenté en octobre une escalade des violence sexuelles, "des viols, de l'exploitation sexuelle et des enlèvements à des fins sexuelles ainsi que des allégations de mariages forcés et de traite d'êtres humains".
Les FSR avaient qualifié les conclusions de l'ONU de "propagande sur les réseaux sociaux".
Le mois dernier, Mohamad Mokhtar, membre de FSR, avait déclaré à des journalistes à Nairobi que les FSR n'avaient recensé qu'un seul viol dans les zones sous leur contrôle, et avaient fait faire des "examens médicaux" sur des femmes pour vérifier les allégations de viol.
Il avait ajouté que les violations des droits humains avaient été commises par "d'autres parties" après les interventions de RSF dans certaines zones.