Iran: une poète bahaïe opérée à coeur ouvert devra purger sa peine (soutiens)

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Une écrivaine et poète iranienne bahaïe, opérée récemment à coeur ouvert, risque de devoir retourner en prison pour purger la fin de sa peine, dénonce la représentation en France de cette minorité religieuse interdite par la République islamique.

Mahvash Sabet, 71 ans, "a subi récemment une opération à coeur ouvert et va être renvoyée en prison très prochainement", assure l'organisation des Bahaïs de France dans un communiqué envoyé à l'AFP.

Le groupe réclame sa libération "immédiate et inconditionnelle" ainsi que "l'annulation de sa peine d'emprisonnement et l'assurance des autorités iraniennes qu'elle ne retournera jamais en prison".

Mme Sabet avait été condamnée à une seconde peine de 10 ans de prison en décembre 2022, en même temps qu'une autre figure de la communauté bahaïe, Fariba Kamalabadi. Toutes deux avaient déjà purgé la même sentence avant d'être libérées en 2018.

L'Iran accorde la liberté de culte à des minorités non musulmanes, notamment aux chrétiens, juifs ou zoroastriens, mais pas aux fidèles de la foi bahaïe, une religion monothéiste fondée au début du 19e siècle en Iran.

Le siège mondial historique des bahaïs se trouve à Haïfa (Israël). Ils sont considérés en Iran comme des hérétiques et sont qualifiés d'"espions" liés à Israël, ennemi juré de Téhéran. Ils n'ont aucun représentant au Parlement. Leur nombre exact en Iran n'est pas connu mais ils pourraient être plusieurs centaines de milliers.

"Mme Sabet s'est déjà vu refuser à plusieurs reprises des soins médicaux appropriés durant son emprisonnement, malgré des problèmes de santé graves et croissants", assure le communiqué.

Chirinne Ardakani, avocate de la famille et de la fondation de la Prix Nobel de la Paix Narges Mohammadi, a estimé dans le communiqué que "la place de Mahvash Sabet, arbitrairement condamnée et détenue, (n'était) pas en prison".

Selon elle, "en refusant aux prisonniers politiques et de conscience tels que Mahvash Sabet des soins adaptés et en temps utiles, la République islamique d'Iran viole non seulement leurs droits fondamentaux mais déploie la stratégie d'usure et de mort lente qui consiste à laisser leur santé se dégrader".

Au moins 70 bahaïs sont actuellement en détention ou purgent des peines de prison et 1.200 autres font l'objet de poursuites judiciaires ou ont été condamnés, selon l'ONU.

L'organisation Human Rights Watch (HRW) affirmait en avril dernier que la persécution de cette minorité depuis la révolution islamique de 1979 constituait un "crime contre l'Humanité".