Les Croates, qui élisent dimanche leur président, un poste essentiellement honorifique, ont le choix entre le tonitruant président sortant Zoran Milanovic (gauche populiste), et le scientifique Dragan Primorac, candidat des conservateurs au pouvoir.
Le premier a échoué d'un cheveu à l'emporter dès le premier tour, avec 49% des voix, quand le second est arrivé deuxième avec 19%. Le vainqueur sera élu pour cinq ans.
- Zoran Milanovic -
Zoran Milanovic, 58 ans, est depuis près de deux décennies l'une des principales figures politiques dans le pays, et son président depuis février 2020.
Né à Zagreb en 1966, il a fait partie des meilleurs étudiants en droit de sa génération. Diplômé, il commence sa vie professionnelle au ministère des Affaires étrangères, puis à Bruxelles, auprès des représentations croates à l'UE et à l'Otan.
En 1999, il rejoint le Parti social-démocrate (SDP) et se lance dans une carrière politique qui le mène au poste de Premier ministre de 2011 au janvier 2016.
A son arrivée au pouvoir, beaucoup voient en lui un homme prometteur, et l'un des rares qui ne soit pas entaché par la corruption endémique de la classe politique. Mais son gouvernement - qui a fait entrer la Croatie dans l'Union européenne en 2013, n'est pas parvenu à faire adopter les réformes nécessaires pour mettre fin au népotisme.
Il quitte le parti après la défaite électorale en 2015 et travaille un temps comme consultant, avant de remporter la présidentielle il y a cinq ans.
Intelligent pour les uns, colérique et arrogant pour les autres, Zoran Milanovic, est passé de la promesse d'une Croatie "progressiste, moderne et ouverte" à une rhétorique populiste et souvent offensante à l'égard des dirigeants de l'UE et de ses adversaires, notamment le Premier ministre conservateur Andrej Penkovic.
- Dragan Primorac -
Pédiatre, médecin légiste, fan de taekwondo et spécialiste en génétique médicale, Dragan Primorac, 59 ans, est né en Bosnie, à l'époque où les deux pays faisaient partie de la Yougoslavie. Il fait ses études de médecine à Zagreb, avant de partir en 1991 aux Etats-Unis où il enseigne encore de temps à autres.
Il a écrit au cours de sa carrière des dizaines d'articles et de livres, et dirige encore un hôpital privé à Zagreb.
Considéré comme l'un des pionniers de l'analyse ADN en Croatie, il a participé avec son équipe à l'identification de victimes des crimes de guerre.
Ministre des Sciences et de l'Education de 2003 à 2009 dans un gouvernement dirigé par le HDZ (conservateurs), il quitte le ministère pour être candidat à la présidentielle. Il récolte 5,93% des voix et une éviction du parti.
Quinze ans plus tard, sa nouvelle candidature soutenue par le HDZ, il promet d'être un "président qui unit" et insiste sur les valeurs familiales et sur le patriotisme.
Son ton s'est durcit entre les deux tours: il a appelé les électeurs à ne pas "laisser la Croatie devenir rouge à nouveau", en référence au passé communiste du parti socialiste.
"Avec Milanovic, la Croatie n'a pas d'avenir", a-t-il aussi martelé, ajoutant que "nombreux sont ceux qui voient en lui [Milanovic] une marionnette pro-russe".
En dépit d'un ton plus musclé et d'une campagne plus offensive, ses chances d'être élu son très minces.