Nice: un ancien travailleur du STO demande réparation à l'État devant la justice

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A 101 ans, un ancien travailleur du Service du travail obligatoire a demandé mardi que les heures effectuées en Allemagne pendant la guerre lui soient payées, lors d'une audience devant le tribunal administratif de Nice (Alpes-Maritimes).

Erpilio Trovati, qui vit à Colomars, près de Nice, avait été réquisitionné en 1944 par le STO, institué par l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, sous peine de représailles contre sa famille.

Il a ainsi effectué, entre 1944 et 1945, quelque 13 mois et 22 jours de travail dans une usine située près de Düsseldorf, ce qui correspondrait, selon le décompte de son conseil, à 33.400 euros qu'il estime aujourd'hui dus par l'État français.

"Nous ne demandons pas réparation pour la déportation elle-même mais pour les heures travaillées non payées", a expliqué son avocat, Me Michel Pautot.

Pour lui, il s'agit avant tout d'un "combat pour la mémoire". "Les victimes du STO sont les oubliés de l'Histoire", a-t-il ajouté, estimant que le STO s'apparente à un crime contre l'humanité et qu'il est donc imprescriptible.

Cependant, pour le rapporteur public qui s'exprimait à l'audience, cette notion de crime contre l'humanité ne s'applique qu'en matière pénale ou civile, la règle prévalant en matière administrative étant la prescription quadriennale.

Il a donc conclu au rejet de cette requête, une position que le tribunal devrait suivre dans sa décision, qui sera rendue dans un délai de trois semaines.

Ce recours intervient alors qu'un autre ancien du STO, Albert Corrieri, a déposé, avec le même avocat, une requête similaire à Marseille, où une audience doit se tenir le 28 janvier devant le tribunal administratif.

Âgé aujourd'hui de 103 ans, il réclame lui aussi une réparation financière pour ses heures de travail obligatoire outre-Rhin.

Quelque 600.000 Français ont été contraints pendant la guerre à travailler en Allemagne dans le cadre du STO pour soutenir l'effort de guerre allemand.